Klaus (2019) de Sergio Pablos

Ce film d'animation siglé Netflix est le premier long métrage en tant que réalisateur de Sergio Pablos aptès avoir créé son propre studio d'animation à Madrid, et après avoir travaillé comme animateur chez Disney, notamment sur les films "Le Bossu de Notre-Dame" (1996), "Hercules" (1997) et "Tarzan" (1999). A noter que parmi les producteurs on trouve Matthew Teevan qui était déjà derrière "La Légende de Manolo" (2014) de Jorge R. Gutierrez et "Souris City" (2006) de Sam Fell et David Bowers. La première remarque vient du fait qu'il s'agit d'une co-production à majorité espagnole en langue anglaise, le film relatant les origines du Père Noël, avec le titre "Klaus" signifiant en germanique Nicolas rappelant la confusion entre Père Noël et Saint-Nicolas...

Klaus (2019) de Sergio Pablos

On suit Jesper, fils de riche que son père a pistonné à l'école des facteurs sans succès. Devant le fait accompli le père le mute sur une île du grand nord, isolé du monde avec l'obligation de faire ses preuves. Sur place, Jesper souffre de tous les maux jusqu'à sa rencontre avec un gros bonhomme qui construit des jouets en bois... Le cinéaste désirait revenir à un art plus traditionnel, à une animation qui n'est pas géré essentiellement et systématiquement par ordinateur. Le cinéaste précise que son travail a été concentré "sur l'éclairage et la texture organiques et volumétriques". Le résultat est juste magnifique, une esthétique singulière, éloignée des canons disneyiens avec un vrai cachet. Les couleurs sont tout aussi étudiées, façon pastel un peu délavé avec des nuances discètes pour les habitants bellicistes et plus marquées pour les personnages plus "vertueux". Les paysages sont moins surprenants, d'une beauté plus classique mais dont les détails enrichissent le récit. En effet, cette île de Smeerensburg est tiré directement de Smeerenburg ancienne station de chasse à la baleine désertée depuis la fin du 17ème siècle. Plusieurs indices nous prouvent qu'on se situe sans doute dansle nord de la scandinavie, notamment et surtout le peuple Samis (ne disons pas lapons terme péjoratif pour eux) mais aussi par l'uniforme de Jesper qui est inspiré de celui porté par les postes suédoises. Mais la vraie réussite du film réside dans son scénario en revisitant le mythe du Père Noël.

Klaus (2019) de Sergio Pablos

Il offre un récit à la fois inédit et semé de détails qui nous renvoie au mythe. Ainsi on découvre le pourquoi du comment concernant les symboles existant autour du Père Noël comme la cheminée, le rouge du costume, le traineau... etc... Le tout amené par un facteur qui est en fait un grand ado attardé pourri gâté mais qui va se révéler le déclencheur malgré lui du destin de Klaus. Le bémol vient surtout de cette guerre intra-communautaire, non pas en elle-même mais il est peu compréhensible que les "méchants" soient si bornés pour si peu (on méchant parce qu'on est méchant ?!). Pourtant une bonne partie de l'humour vient de cette guéguerre stupide. Mais pas que, l'autre réussite du film est que les gags ne reposent pas que sur un sidekick ou d'un running gag. L'institutrice apporte son lot de scènes drôles, également le capitaine du bateau comme d'autres personnages peut-être plus discrets mais pas moins marrants comme la petite psychopathe qui enfonce une carotte dans le bonhomme de neige. Sergio Pablos signe un film d'animation riche de trouvailles avec une audace pas si anodine (retour au traditionel sur un sujet universel) avec de l'humour savamment dosé et juste ce qu'il faut d'émotion. En prime ce n'est jamais mièvre et la fin est aussi poétique qu'inattendu (un twist !). Une merveilleuse surprise à conseiller et à revoir.

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Pour info bonus, Note de mon fils de 10 ans :