Joker (2019) de Todd Philipps

Nouveau film de DC Comics, qui confirme et officialise le fait que la firme ne va pas créer un univers partagé à l'instar du Marvel Cinematographic Universe ; l'échec et/ou les incohérences des premiers films a donc amené DC à revoir sa copie... Donc, voici une nouvelle version du personnage culte créé par Jerry Robinson, Bill Finger et Bob Kane en 1940 dans le comic "Batman n°1", lui-même inspiré par le film "L'Homme qui Rit" (1928) de Paul Leni avec Conrad Veidt, film lui-même adapté du roman éponyme (1858) de Victor Hugo... La gageure est osée, le pari risqué tant ce personnage a été déjà si incroyablement incarné par Jack Nicholson dans "Batman" (1989) de Tim Burton, Heath Ledger dans "The Dark Knight" (2008) de Christopher Nolan et "Jared Leto dans "Suicide Squad" (2016) de David Ayer... Ce nouveau film est signé de Todd Philipps, producteur-réalisateur-scénariste surtout connu pour ses comédies dont la trilogie "Very Bad Trip" (2009-2011-2013) ; il retrouve d'ailleurs son acteur Bradley Cooper en co-producteur sur ce film "Joker".

Joker (2019) de Todd Philipps

Il co-signe le scénario avec Scott Silver scénariste des films (2011) de David O. Russell et "The Finest Hours" (2016) de Craig Gillepsie. Si ce projet est de raconter les origines du Joker et qu'il est fortement inspiré du comic book "The Killing Joke" (1988) de Alan Moore et Brian Bolland. Le réalisateur-scénariste Todd Philipps insiste sur le fait qu'il s'agit d'une histoire originale : "Nous ne faisons pas un film sur le Joker, nous racontons l'histoire de quelqu'un qui devient le Joker."... Clairement, Todd Philipps veut s'éloigner des codes inhérents au genre de film de super-héros, il avoue en faire un film d'auteur sur "l'exploration de la folie". Le cinéaste cite également ses influences qui se résument à trois films, "Taxi Driver" (1976), "Raging Bull" (1980) et "La Valse des Pantins" (1984) tous de Martin Scorcese. Succédé à des acteurs qui ont marqué le 7ème Art par leur performance unique n'est pas une sinécure, mais le choix de Joaquin Phoenix, qu'on avait pas vu depuis "Les frères Sisters" (2018) de Jacques Audiard, pour incarner ce nouveau Joker est en soi une belle promesse. Il est entouré de sa mère jouée par Frances Conroy, actrice sur tout vue à la télévision mais qui a déjà joué dans un film de super-héros avec "Catwoman" (2004) de Pitof, et qui retrouve pour l'occasion son partenaire du film (2010) de John Curran à savoir un certain Robert De Niro acteur fétiche de Scorcese notamment dans les trois films sus-cités et qui incarne là un rôle qui n'est pas sans rappeler celui que jouait son compère Jerry lewis dans "La Valse des Pantins" ; la star retrouve par ailleurs Scorcese dans "The Irishman" (2019) actuellement sur Netflix. Et enfin on reconnaîtra l'actrice Zazie Beetz remarquée dansle rôle de Domino dans (2018) de David Leitch, une production Marvel... L'histoire débute en 1981 à Gotham City, Arthur Fleck un comédien râté se fait agresser une première fois, puis une seconde qui sera le vrai déclic avant de basculer u npeu plus en avant dans une folie délirante... Joaquin Phoenix a beaucoup préparé son personnage, jusqu'à perdre 25kg (partant du principe que perdre autant facilite la détresse psychologique) tandis qu'il a étudié son rire particulier en regardant des vidéos de personnes atteintes de désordres neurologiques. Son maquillage a été inspiré aux artistes maquilleurs par le tueur en série John Wayne Gacy surnommé "le Clown tueur".

Joker (2019) de Todd Philipps

On notera une petite déception pour le personnage féminin jouée par Zazie Beetz, légèrement sous-exploitée. Logiquement, le premier atout du film reste la performance hallucinée et hallucinante de Joaquin Phoenix, complètement habité qui offre une incarnation plus profonde et plus ancrée dans une réalité psychotique que les précédents performers. La dimension psycho-médicale n'aura jamais été aussi puissamment retranscrite. Mais si l'acteur est au sommet et prouve une fois de plus qu'il a bel et bien sa place au Panthéon des génies du 7ème art, les effets seraient sans doute moindre si le réalisateur Todd Philipps n'avait pas lui-même transcendé son sujet avec une mise en scène inspirée avec une collection de plans icôniques démentiels avec, en prime, une photographie sublime au ton un brin délavé pour une mise en abîme d'une société en perdition. Une société à bord du chaos dont Arthur Fleck devient une sorte de guide à l'insu de son plein gré, et si le film est clairement en marge du style habituel du film de super-héros il n'omet pourtant pas quelques séquences ou quelques références mythiques. Ce film au budget de 55 millions de dollars a d'ores et déjà engrangé plus de 240 millions de dollars au box-office mondial ! Son Lion d'Or obtenu à la Mostra de Venise suivi de ses 8 minutes de standing ovation ont eût un écho certain pour créer un buzzz mérité. Sur le podium 2019 sans aucun doute...

Note :

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