Roubaix, une lumière

Roubaix, une lumièreRoschdy Zem survole le film
Arnaud Desplechin met à l’honneur sa ville natale et dans le titre et dans la première moitié de son film, car c’est une œuvre en deux actes. Le premier acte est dévolu à un portrait de Roubaix au travers de multiples faits divers ; ces derniers donnent le ton et permet de donner vie à cette ville, une des plus pauvres de France, et d’en ressentir le pouls. Et c’est dans cette première partie, très en extérieur, que la photo et tout le travail sur la lumière éclate. La seconde partie s’opère autour d’un resserrement de l’intrigue autour du meurtre d’une vieille dama qui a déjà donné lieu par le passé à un documentaire. Et là, la mise en scène, le rythme, l’installation de huis clos statiques enferment le film dans un classicisme maintes fois vus. Il perd sa ville en route dont il était parvenu à donner vie, un espace dramatique urbain. Le film devient un thriller psychologique plus télévisuel que cinéphile dommage. Bien heureusement, Arnaud Desplechin sauve cette dernière partie poussive en donnant le rôle de sa vie à Roschdy Zem. Il est le commissaire, né à Roubaix, qui fait symbiose avec sa ville et ses habitants ; plus que les lieux et les habitants qu’il connait parfaitement, il capte le pouls de cette ville comme personne. Le parallèle avec le jeune lieutenant renforce cet accent. Tout en dignité et en réserve, il ne se laisse jamais envahir par le doute ou la colère, son seul leitmotiv est la recherche de la vérité et respect de tous ceux qui franchissent la porte du commissariat, victimes ou coupables. De fait très vite, il démêle le vrai du faux et a le ton juste avec ses semblables, une belle humanité que Roschdy Zem sait nous insuffler durant tout le film. Un film moyennement convaincant avec au centre un comédien exceptionnel.
Sorti en 2019
Ma note: 12/20