Aguirre la colère de dieu

Aguirre la colère de dieuKlaus Kinski habité et inquiétant
1560 Pissaro et plus de 1000 conquistadors se lancent à corps perdus à la recherche de l’El Dorado (une forme de « Cités d’Or ») à travers les Andes puis la forêt Amazonienne. Ce film raconte, en adaptation libre de la Grande Histoire, le détachement d’une poignée d’homme en éclaireur. Dans ce groupe figure Aguirre qui très vite déclenche une mutinerie et prend le pouvoir par procuration en mettant sur le trône d’un nouvel Etat faisant scission avec l’Espagne un commandant fantoche. Et au milieu de cette jungle hostile aux milles dangers, loin de toutes civilisations, plutôt que de songer à leurs survies ; ce groupe d’hommes rejouent à chaque occasion les rituels sociaux d’une société civilisée ; le tout accompagné de deux femmes aux tenues d’apparat totalement inadaptées à l’environnement hostile. Absurdité de l’Homme en proie à la quête de potentielles richesses et de pouvoir. Sidérant. Et pour jouer cette folie humaine, au centre des débats, Aguirre un chef fou ; :montré et vu comme fou par ses compagnons dès l’entame du film. Et Kinski (Aguirre) par sa démarche mécanique et bancal, son regard illuminé face caméra fait froid dans le dos dès les premières prises. Herzog a voulu un tournage hyper serré au rythme dingue et dans conditions extrêmes pour être au plus proche du vécu des conquistadors ; ce pourquoi, parfois, son film prend des accents de documentaire. Son pré générique d’une beauté incroyable nous plonge directement dans cette jungle avec cette procession d’hommes descendant les sentiers escarpés des Andes. On retrouve la folie et la confrontation à la jungle de « Apocalypse Now » ou du très récent « The lost city of Z ». Plus proche du premier, Aguirre sonde les tréfonds de l’âme humaine conduite par le besoin de pouvoir. Et dans le final, le parallèle entre les délires d’un Aguirre très isolé rêvant de la fondation d’une race pure et la naissance du IIIeme Reich illustre la genèse des idéologies malades naissant d’esprits qui le sont autant. Beau film captivant et malsain.
Sorti en 1972
Ma note: 16/20