Anna (2019) de Luc Besson

Après l'échec de son dernier film qui amènera à un perte nette de 70 millions d'euros pour sa société EuropaCorp sur l'année 2016-2017, ainsi qu'à la suppression de plusieurs postes et la renonciation à la partie distribution le réalisateur-producteur-scénariste Luc Besson revient avec sa recette récurrente et rassurante avec un budget "moyen" de 30 millions et une héroïne badass. Le cinéaste a l'habitude du genre avec entre autres "Nikita" (1990), "Le Cinquième Elément" (1997) et (2014)... Le film fait référence aux Matriochka, des poupées russes qui s'emboîtent les unes aux autres, ce qui poussent légitimement à se demander qui est vraiment Anna. Evidemment le suspense est plutôt fantoche chez Besson. Et outre le style Besson pour ses héroïnes le sous-genre des femmes tueuses à gage est légion dans le cinéma, on pense d'ailleurs à son homophone (2011) de Joe Wright... Dans le rôle titre Besson place l'inconnue Sasha Luss, mannequin russe à laquelle il avait déjà confié le rôle de la princesse Lihö-Minaa dans l'ambitieux mais imparfait "Valerian et la Cité des Mille Planètes" (2017). La comédienne rejoint ainsi le harem des héroïnes bessonienne à l'instar des Anne Parillaud, Milla Jovovich et Scarlett Johansson.

Anna (2019) de Luc Besson

Elle est entourée de stars internationales avec Cillian Murphy pas vu en salle depuis "The Party" (2017) de Sally Potter mais toujours omniprésent dans la série TV "Peaky Blinders" (2013-...), puis avec Helen Mirren qui malgré son âge s'aventure régulièrement dans l'action movie depuis (2010) de Robert Schwentke, elle joue aux côtés de Luke Evans dont elle partage des liens puisque lui est M. Shaw dans "Fast and Furious 6 et 7" tandis qu'elle est Mrs Shaw dans la saga depuis "Fast and Furious 8" ! Sinon Besson retrouve son Directeur Photo Thierry Arbogast fidèle au poste depuis "Nikita" (1990), et surtout il retrouve son compositeur fétiche Eric Serra après l'exception qui confirme la règle sur "Valerian..."... En fait, il est clair que Besson réalise ce film pour tenter de rebondir avec une recette qui a déjà fait ses preuves, mais cette fois il fait le minimum en osant de subterfuges grossiers comme écran de fumée. En effet, d'abord il s'auto-copie à tel point qu'on pense à "Nikita" toutes les 5mn (la vieille matronne, la 1ère mission test... etc...), ensuite il use et abuse des flash-backs et autres aller-retour dans tous les sens (3 ans avant, 6 mois après ... etc...) ce qui donnent une sensation de rythme mais qui, au final, meublent un scénario trop mince avec des séquences répétitives trop nombreuses. Besson devrait savoir qu'un bon twist vaut mieux que plusieurs mauvais.

Anna (2019) de Luc Besson

Même les scènes d'action ne sont pas toutes au top, il est aussi agaçant que navrant de voir des soldats tirés à la mitraillettes et ne rien toucher par exemple. L'autres point faibles restent les jeux d'acteurs. Les deux mâles, Cillian Murphy et Luke Evans font le job mais sans passion juste pour le cacheton. Helen Mirren est parfaite (comme d'habitude) mais dans un rôle qui n'est qu'un ersatz de Armande alias Jeanne Moreau dans "Nikita". Et enfin, Sasha Luss, elle a une présence et un magnétisme évident mais le jeu n'est pas son fort dès qu'il faut un peu de subtilité (faut la voir forcer la peur en déglutissant !). D'ailleurs Besson est tellement inspiré qu'après le prénom (Anna faisant suite à Nikita, Mathilda...) il n'a rien trouvé de mieux pour le confort que de plonger notre Anna dans le milieu de la mode avec ses clichés habituels (les photographes en prennent pour leur grade). Le rapport aux Matrioshka est plutôt fumeux, il tient plus du lien promotionnel parfait pour la bande-annonce. En conclusion, l'opportunisme de Besson l'a poussé à nous refaire "Nikita" mais après avoir sans doute été aussi inspiré (pompé ?!) par "Red Sparrow" (2018) de Francis Lawrence. Ca divertit à minima car trop de films en référence, mais c'est très clairement le plus mauvais film du nabab français à ce jour.

Note :

Anna (2019) Besson