3h10 pour Yuma (1957) de Delmer Daves

Ce western est adapté d'une nouvelle éponyme (1953) de Elmore Leonard, auteur connu qui gagnera ses galons avec le temps avec de nombreuses oeuvres adaptées comme (1967) de Martin Ritt, "Jackie Brown" (1997) de Quentin Tarantino et "Hors d'Atteinte" (1998) de Steven Soderbergh. Pour ce western le réalisateur de "La Flèche Brisée" (1950) Delmer Daves mets en image un scénario de Halsted Welles qu'il retrouvera pour "La Colline des Potences" (1959)... Le chef de gang Ben Wade est capturé dans un saloon et est convoyé vers une gare pour son transfert, mais c'est sans compter sur la bande qui va tout faire pour le libérer...

3h10 pour Yuma (1957) de Delmer Daves

Ben Wade est incarné par star depuis (1946) de Charles Vidor et vu entre autres dans "Règlement de Comptes" (1953) de et "Graine de Violence" (1955) de Richard Brooks. Le fermier missionné pour l'escorte est joué par Van Heflin oscarisé pour "Johnny, Roi des Gangsters" (1942) de Mervyn LeRoy, vu aussi dans "L'Emprise du Crime" (1946) de Lewis Milestone et "L'Homme des Vallées Perdues" (1953) de George Stevens. A leurs côtés deux actrices, l'épouse du fermier jouée par Leora Dana qu'on verra dans "Comme un Torrent" (1958) de Vincente Minnelli et "L'Etrangleur de Boston" (1968) de Richard Fleischer, puis la femme du saloon interprétée par Felicia Farr épouse de Jack Lemmon de 1962 à 2001 "L'Homme de Nulle Part" (1956) et "La Dernière Caravane" (1956) de Daves puis surtout "Embrasse-Moi, Idiot" (1964) de Billy Wilder... La première chose qu'on constate est ce Noir et Blanc proche du sépia, comme délavé ou en tous cas qui aurait mal vieilli. D'autant plus surprenant que le Directeur Photo est Charles Lawton Jr. à qui on doit notamment la photographie de "La Dame de Shanghaï" (1947) de et avec Orson Welles. Le film est court, et outre les 20 premières minutes le film est presque en temps réel, accentuant une tension qui repose avant tout sur le face à face entre le prisonnier et son geolier, entre ce gangster et ce fermier. Glenn Ford assure dans un de ses rares rôles de méchant, tandis que Van Heflin joue une partition parfaite entre le fermier mercenaire à l'insu de son plein gré et son devoir de citoyen. On pense parfois au western "Le Train Sifflera Trois Fois" (1952) de Fred Zinnemann.

3h10 pour Yuma (1957) de Delmer Daves

La force du film réside dans la psychologie des deux protagonistes principaux sans que ce soit appuyé ou trop explicatif, surtout pour Dan Evans/Van Heflin dont on perçoit ses forces et faiblesses, un peu moins pour Ben Wade/Glenn Ford dont le choix final est amené maladroitement, de façon trop peu évolutive. Concernant ce dernier, son "idylle" est superbement filmé, tendre et pourtant si peu crédible. Mais la plus grande déception reste le dénouement final, avec une bande pas si fatale et un twist de Ben Wade qui reste peu compréhensif car trop précipité. Néanmoins, les acteurs sont magnifiques, le face à face est solide et prenant, un suspense tendu malgré tout, avec quelques instants émotion non négligeables et surtout, Delmer Daves dira de ce film dans un entretien de 1960 avec Bertrand Tavernier : "Je tiens 3h10 pour Yuma pour mon meilleur western : j'ai essayé de créer un nouveai style dans la manière de raconter une histoire et j'y suis parvenu, du moins je le pense."... Ce film connaitra un remake éponyme (2007) de James Mangold avec Christian Bale et Russell Crowe

Note :

3h10 pour Yuma (1957) Delmer Daves3h10 pour Yuma (1957) Delmer Daves3h10 pour Yuma (1957) Delmer Daves