Noureev (2019) de Ralph Fiennes

Connu surtout pour ses performances dans le chef d 'oeuvre "La Liste de Schindler" (1993) de Steven Spielberg et en tant que Voldemort dans saga "Harry Potter" (2005-2012), l'acteur Ralph Fiennes est aussi réalisateur depuis peu après le médiocre "Ennemis Jurés" (2013) et le classique "The Invisible Woman" (2016). Amateur depuis longtemps de la culture russe, il décide d'adapter la biographie "Rudolf Noureev" (2008) de Julie Kavanagh (amie de Fiennes) en se focalisant particulièrement sur la période où le danseur étoile Rudolf Noureev (tout savoir ICI !) fuit le bloc soviétique et passe à l'ouest en 1961 profitant d'une tournée passant par Paris. Ralph Fiennes précise : "Ce qui m'intéressait, c'était la volonté de Noureev d'accomplir son destin et la cruauté des épreuves qu'il a surmontées, ou encore le contexte du fossé idéologique entre l'Est et l'Ouest au plus fort de la Guerre Froide."... Fiennes a choisit le scénariste David Hare habitué des biopics avec en prime nominations à l'Oscar pour "The Hours" (2002) et "The Reader" (2007) tous deux de Stephen Daldry.

Noureev (2019) de Ralph Fiennes

La première difficulté a été évidemment de trouver l'interprète pour le rôle titre, danseur étoile oblige. Après de multiples casting et le travail de fourmi de chercheurs de têtes le choix s'est porté sur l"inconnu Oleg Ivenko, danseur classique professionnel en Russie et dont la ressemblance avec Noureev est troublante. Un grande partie du casting s'avère être français, l'histoire se déroulant en grande partie à Paris. Aux côtés de Noureev/Ivenko on retrouve donc Adèle Exarchopoulos qui joue pour la seconde fois pour un acteur/réalisateur anglophone après "The Last face" (2016) de Sean Penn, Raphaël Personnaz qui lui aussi joue pour la seconde fois dans une production britannique après "Anna Karénine" (2012) de Joe Wright, puis dans des rôles plus secondaires Olivier Rabourdin et Jonathan Zaccaï. Notons que Ralph Fiennes s'octroie le rôle du chorégraphe et mentor Alexander Pushkin... Dès les premières images on sent que Ralph Fiennes a voulu une esthétique particulière en soignant la photographie. D'abord on salue l'incrustation parfaite d'images d'archives, notamment des rues de Paris. Ensuite on constate qu'il a fait le choix d'utiliser des couleurs et tons différents vis à vis de l'époque avec un noir et blanc bleuté un peu désaturé pour la petite enfance.

Noureev (2019) de Ralph Fiennes

Les flash-backs apportent une mélancolie certaines mais ne sont pas franchement utiles. Le plus intéressant reste le cheminement vers la Liberté et le caractère bien trempé du jeune Noureev. Par contre, le film donne l'impression que l'artiste n'est pas encore danseur étoile et qu'il le devient à Paris ce qui est faux, il est déjà soliste et connu dans le milieu de la danse classique. On n'a pas franchement de latitude pour accepter toutes les informations de l'histoire (adultère ?! Relation avec mentor ?! L'importance de la nommée Clara Saint ?!) et malgré des recherches on reste sur une certaine frustration de ce côté. Les différentes facettes du personnage sont abordées (oppression soviétique et surveillance, sexualité, attrait pour l'Ouest, lien avec mentor... etc...) mais de façon plutôt aléatoire, mais le cinéaste offre un ensemble plutôt cohérent sur un artiste qui est pourtant antipathique, arrogant et à l'égo surdimensionné. Le film impose une certaine idée du génie et Fiennes arrive à nous le rendre touchant malgré nous. Il manque sans doute un peu de panache et de souffle dans ce film un peu trop académique au vu de l'artiste mais Ralph Fiennes a le mérite de signer le premier et unique biopic consacré à Rudolf Noureev, un film maîtrisé et intéressant dans un bel écrin où la reconsitution et la photographie emporte l'adhésion. En prime un Oleg Ivenko parfait et idéal, on ne pouvait avoir mieux. A voir et à conseiller.

Note :

Noureev (2019) Ralph FiennesNoureev (2019) Ralph Fiennes