Utu (1983) de Geoff Murphy

Après avoir connu son premier vrai succès avec "Goodbye Pork Pie" (1981), se révélant ainsi au monde, le réalisateur néo-zélandais Geoff Murphy signe là un "western maori" qui s'inspire du destin de Te Kooti (tout savoir ICI !) ; avec ces deux films, les deux plus gros succès de son pays à l'époque, le cinéaste s'impose comme le chef de file du cinéma néo-zélandais 20 ans avant la saga "Le Seigneur des Anneaux" (2001-2003) de Peter Jackson... On suit donc un éclaireur maori au service de l'armée colonisatrice britannique qui quitte l'armée avec perte et fracas après un massacre, et décide de se venger des blancs dans une sorte de guerilla macabre, d'où le titre du film, "Utu" voulant dire justement vengeance en langue maori... Au casting aucune star, aucun acteur/trice qui va le devenir plus tard mais des acteurs qui sont connus dans leur pays, la plupart qui seront aussi de l'aventure "Le Seigneur des Anneaux" .

Utu (1983) de Geoff Murphy

Le rôle principal est incarné par Anzac Wallace dans son premier rôle, l'acteur a fait de la prison pour braquage et est devenu un leaders syndicaliste et mort en avril 2019 en toute discrétion. Il est entouré de Bruno Lawrence qui retrouvera Wallace et Murphy sur "Le Dernier Survivant" (1985), puis Kelly Johnson qui était déjà sur "Goodbye Pork Pie"... L'histoire d'un autochtone/indigène qui se rebelle et se venge contre le colon blanc est une trame récurrente au cinéma, le plus souvent on pense aux "héros" amérindiens comme Géronimo, pour ne citer que le plus connu. Ce qui fait l'originalité du film réside donc avant tout dans le fait qu'on entre pour la première fois dans l'Histoire de la Nouvelle-Zélande et, surtout, des maoris. D'ailleurs le réalisateur Geoff Murphey obtient un budget longtemps considéré comme le plus élevé de son pays, et optimise les paramètres pour toujours plus d'authenticité. On salue la reconstitution historique et, par là même, précisons que les figurants sont des maoris locaux. Le héros Te Wheke devient un chef rebelle plus proche des renégats apaches que des résistants sioux. Ainsi il devient un tueur vengeur sans état d'âme ni clément, s'il est contre l'envahisseur c'est avant tout par besoin et envie d'une vengeance tout ce qu'il y a de plus primaire, avec son lot de tortures et de massacres. Mine de rien c'est un bon point, en effet, les héros ne sont pas toujours vertueux et absout de tout péché.

Utu (1983) de Geoff Murphy

L'autre bon point réside dans les trois autres personnages principaux, un frère qui préfère éviter une guerre qu'il sait perdue d'avance, un officier ambigü qui tombe amoureux d'une maorie et un propriétaire blanc qui veut aussi se venger, mais de Te Wheke... Ce dernier permet un paramètre nouveau, à savoir un fusil unique et original qui offre un face à face qui aurait pu être plus tonitruant et qui ne tient pas toutes les promesses. Malgré tout il y a une vraie férocité dans les combats, contre balancée par quelques instants émotions qui reposent essentiellement sur l'idylle de l'officier. La beauté des paysages n'occultent pourtant jamais l'âpreté de son époque et des faits qui s'y déroulent. Un film qui va droit au but, qui décrit parfaitement le contexte géo-politique et historique sans pour autant être trop explicatif. Le juste milieu entre fond et forme, action et émotion est parfaitement équilibré. Un très beau et bon film, tragique et presque naturaliste auquel il manque juste un peu de souffle épique.

(1983) Geoff Murphy(1983) Geoff Murphy