Parasite (2019) de Bong Joon-Ho

Après un passage plus hollywoodien avec "Snowpiercer" (2013) et (2017), le réalisateur coréen Bong Joon-Ho revient dans son pays pour un drame mordant de haut vol (titre en V.O. "Gisaengchung") qui lui permet de s'offrir la Palme d'Or au dernier Festival de Cannes. Rappelons que le cinéaste est d'ores et déjà un des plus grands produit (le Top Films de Corée !) par La Corée dont il a exploré les tréfonds avec le thriller "Memories of Murder" (2003), le film fantastique "The Host" (2006) et le drame "Mother" (2010)... Cette fois il signe un drame psychologique qui lorgne sur le thriller et le drame social... Une famille sans emploi, pauvre et sans moyen trouve le moyen de se faire embaucher les uns après les autres par une famille riche. Mais le subterfuge va vite s'avérer un engrenage infernal... Le cinéaste compose un casting savoureux mené par la méga star du cinéma coréen Song Kang-Ho, fidèle de l'autre maestro du Pays du Matin Calme, Park Chan-Wook mais aussi de Bong Joon-Ho qu'il retrouve donc pour leur 4ème film ensemble après "Memories of Murder", "The Host" et "Snowpiercer".

Parasite (2019) de Bong Joon-Ho

Il sont entourés des acteurs Lee Sun-Kyun vu dans "Night and Day" (2008) et "Oki's Movie" (2010) tous deux de Hong Sang-Soo, Choi Woo-Sik vu dans "Dernier Train pour Busan" (2016) de Sang-Ho Yeon puis "Okja" (2017) de Bong Joon-Ho, puis les magnifiques actrices Cho Yeo-Jeong vue dans "Concubine" (2012) de Kim Dae-Seung et Park So-Dam vue dans "The Priests" (2015) de Jang Jae-Hyun... La volonté avouée du réalisateur-scénariste est de montrer que certaines castes sociales ne se rencontrent que via le travail dans un relation souvent limitée à patron-employé : "Dans la société capitaliste d'aujourd'hui, il existe des rangs et dse castes qui sont invisibles à l'oeil nu. Nous les tenons éloignés de notre regard en considérant les hiérarchies de classes comme des vestiges du passé, alors qu'il y a encore aujourd'hui des frontières infranchissables entre les classes sociales. Je pense que ce film décrit ce qui arrive lorsque deux classes se frôlent dans cette société de plus en plus polarisée."... Si on nous annonce un film avec une dimension sociale elle n'est pas évidente de suite. On est clairement et avant tout dans un thriller psychologique lorgnant de temps à autre vers l'horreur. Le scénario ne tombe pas dans l'écueil d'un prologue trop explicatif de présentation des protagonistes, le récit se mets en route dès les premières minutes pour ne plus jamais nous lâcher.

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En effet, pas de temps mort il se passe toujours quelque chose. La force du film réside dans ce scénario implacable, toujours en constante évolution et qui explore plusieurs genre au fur et à mesure que l'intrigue se dévoile. On passe ainsi vers la fable pamphlétaire où l'idée des castes prend forme, puis on bascule la comédie noire et le survival en huis clos, avant une apothéose et un épilogue qui ne manque pas d'émotion. Le tout dans une fluidité remarquable et un suspense efficace. On peut par contre trouver abuser quelques séquences, qui frôlent l'invraisemblance, où comment croire que le couple bourgeois ne voit et/ou remarque jamais ce qui semble pourtant sous leur nez ?! Mais Bong Joon-Ho y arrive grâce à une mise en scène idéale et précise, bien aidé par des acteurs au diapason qui offrent tous une performance inoubliable. C'est assurément la Palme d'Or qu'il fallait cette année, une Palme d'Or incontestable, jouissive et stimulante. Pour une fois le buzzz autour du film est justifié et avéré. A voir et à conseiller.

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