Ce projet de biopic de la star mondiale de la musique Elton John (tout savoir ICI !) date d'une dizaine d'années et est une idée déjà de la star lui-même après une série de concerts-spectacles. Petit à petit, la star a choisi des collaborateurs pour monter son idée de film, d'abord avec le scénariste Lee Hall connu pour "Billy Elliot" (2000) de Stephen Daldry et "Cheval de Guerre" (2012) de Steven Spielberg, puis enfin en s'associant avec un certain Matthew Vaughn réalisateur-producteur de la saga "Kingsman" (2015-...) et plus étonnant de la top model Claudia Schiffer, co-productrice de "Kingsman" et de "Rocketman"... Au début, Elton John voulait Justin Timberlake dans son rôle avec qui il avait déjà collaboré, puis Baz Luhrmann à la réalisation. Finalement, au final la réalisation revient à Dexter Fletcher, qui est le producteur-monteur du biopic sur Freddie Mercury "Bohemian Rhapsody" (2018) de Bryan Singer officiellement, en fait réalisé par Fletcher mais non crédité en raison des règles de la Directors Guild of America.

Tandis que l'acteur dans le rôle titre revient à Taron Egerton qui jouait déjà dans le biopic "Eddie the Eagle" (2016) de Dexter Fletcher et qui avait croisé Elton John sur le tournage de "Kingsman : le Cercle d'Or" (2017) de Matthew Vaughn ! Tout semble ainsi s'imbriquer parfaitement dans l'alignement des étoiles... Et ce n'est pas fini, puisqu'à ses côtés il y a Jamie Bell révélation de "Billy Elliot" scénarisé par Lee Hall, et qu'on n'a pas vu en salles depuis "Les 4 Fantastiques" (2015) de Josh Trank. Enfin, ils sont entourés de Richard Madden célèbre depuis son rôle de Robb Stark dans la série TV "Game of Thrones" (2011-2013) et vu en Prince dans "Cendrillon" (2015) de Kenneth Branagh, puis la belle Bryce Dallas Howard qui change de registre après "Jurassic World : Fallen Kingdom" (2018) de Juan Antonio Bayona... Première chose importante, à l'instar d'un Jamie Foxx pour "Ray" (2005) de Taylor Hackford, film référence dans le genre, l'acteur Taron Egerton chante lui-même et aura passé 5 mois intensif à apprendre le piano ; pour l'anecdote, Taron Egerton avait chanté "Your Song" lors de son audition à la Royal Academy of Dramatic Arts... L'autre point essentiel est qu'il ne s'agit pas d'un biopic pur au sens littéral du terme comme "Ray" justement, mais il n'est pas non plus dans le mensonge éhonté d'un "Bohemian Rhapsody", puisque la nuance importante et centrale est que jamais Elton John l'a voulu ainsi. La star avait déclaré : "le film d'une vie surréaliste, pas proche des faits. Je ne veux pas que ce soit un film autobiographique normal, parce que ma vie n'a pas été comme ça."... Une idée soutenue et confirmée par Dexter Fletcher (qui a de quoi y avoir réfléchi !) qui explique avoir voulu une "oeuvre explosive, une course-poursuite imaginaire résolument loufoque et transgressive, qui oscillerait entre fête et tragédie."... D'emblée, l'ouverture du film nous immerge à la façon d'une comédie musicale, ce qui se confirmera pour la suite. En effet, le film s'avère une comédie musicale ayant pour fil conducteur la carrière de Elton John, certaines de ses plus grandes chansons symbolisant les grandes pages de sa vie. Le film n'élude jamais les drames et addictions de la pop stars, le scénario retrace les grandes lignes tout en prenant quelques libertés ; par exemple le pseudo John ne vient pas de Lennon mais de Long John Baldry...

A contrario de la main mise évidente des deux rescapés de Queen pour "Bohemian Rhapsody", mais à l'instar d'un "Ray", on sent que Elton John a pu donner son point de vue et sa ligne directrice. Loin d'être un pur biopic il n'en demeure pas moins qu' on ressent toute la sincérité du projet même s'il est saupoudré d'une fantasmagorie réjouissante. En prime, le rôle titre est tenu par Taron Egerton absolument dément, dans l'incarnation pure, presque sans maquillage ni artifice (physique et vocale !), qui par là même nous rappelle que Rami Malek en Freddy Mercury n'est pas au panthéon du genre. Gros point bonus pour les ellipses de temps qui sont d'une fluidité inventive qui ne casse jamais la narration. Présenté hors compétition au dernier Festival de Cannes, avec un accueil dithyrambique unanime, on peut espérer un succès mérité pour ce film qui verrait, pour une fois, la star vivre assez longtemps pour pouvoir profiter de sa postérité en live... On pourra rester perplexe sur le choix de finir le film à cette date, on eut aussi penser que l'humour aurait pu être un chouïa plus présent. Mais en conclusion ça reste un superbe biopic, inspiré à la fois tragique et savoureux, touchant et optimiste. Nul doute que Dexter Fletcher aura appris de "Bohemian Rhapsody" pour réussir un "Rocketman" bien plus honnête sur le fond et bien plus original dans la forme.

Note :