The Dead don't Die (2019) de Jim Jarmush

Après le documentaire "Gimme Danger" (2017) sur l'épopée du groupe The Stooges de Iggy Pop, le réalisateur-scénariste Jim Jarmush retrouve la plupart de ses acteurs fétiches pour un film de genre auquel il ne nous a pas habitué, si on excepte par exemple "Only Lovers Left Alive" (2013)... Cette fois pas de vampire mais des zombies dans la petite ville de Centerville, sans que personne ne sache pourquoi et comment ils se sont levés de leurs tombes alors que la Lune est omniprésente que les le jour et la nuit semble perturbés... Ce nouveau film permet au cinéaste de collaborer à nouveau avec bon nombre de ses acteurs habituels à commencer par Steve Buscemi et Tom Waits (5 films avec Jarmush), suivis de Tilda Swinton et Bill Murray (4 films avec Jarmush), RZA, Chloé Sevigny, Tom Waits et Iggy Pop (tous 3 films avec Jarmush), puis Adam Driver pour son second film avec Jarmush après "Paterson" (2016).

The Dead don't Die (2019) de Jim Jarmush

La plupart s'étant croisé sur "Coffee and Cigarettes" (2003). Parmi les nouveaux venus dans l'univers Jarmushien on peut noter la jolie Selena Gomez vue dans "Spring Breakers" (2013) de Harmony Korine, et Danny Glover qu'on avait pas vu dans un film aussi réussi depuis "Soyez Sympa, Rembobinez" (2008) de Michel Gondry... Le cinéaste signe un film original à tous points de vue, aussi bien dans la forme que dans le fond mais risque de diviser les spectateurs en deux camps, ou, donner un goût mitigé tout aussi partagé dans nos avis. Des policiers un peu spéciaux, des habitants pittoresques et surtout une atmosphère qui nous laisse dans une sensation unique entre comédie et thriller sans vraiment savoir vers où le récit va pencher. On est également désarçonné par un rythme monotone, voir qui frôle l'ennui sans l'humour qui passe de l'absurde au cynisme et une brochette d'acteurs dont le jeu est délibérément détaché bien aidé par un scénario farfelu. Niveau humour, on est dans l'absurde pur qui parodie les classiques du genre (hommage à Romero notamment) mais Jarmush distille également une bonne dose d'un humour plus cinglant, où on sent le pamphlet contre l'humanité, telle qu'elle est, telle que nous sommes aujourd'hui... On comprend très bien où veut en venir le cinéaste, finalement l'être humain est un zombie qui s'ignore !

The Dead don't Die (2019) de Jim Jarmush

Néanmoins on aura connu plus subtil dans la satire mais, dans le même temps, on sent un cinéaste si désabusé qu'une mélancolie envahit la pellicule qui nous chamboule un peu. On se retrouve dans un film aussi loufoque que triste, une situation entre deux chaises qui ne peut laisser indifférent mais qui limite aussi ses effets ; résultat, on ne rit pas mais on réagit de façon plus cérébrale. Le cinéaste cinéaste ose pourtant des choses intéressantes mais dont la gratuité (à priori ?!) retire tout sens vis à vis du récit, par exemple une sorte de samouraï et un aparté direct vis à vis du scénario. Au final, le trip zombie à la sauce Jarmush repose avant tout sur le délire des acteurs de Tilda Swinton qui manie le sabre à Tom Waits ermite des forêts en passant par Bill Murray qu'on revoit alors en "zombie" dans "Bienvenue à Zombieland" (2009) de Ruben Fleischer avec en prime la chanson de Sturgill Simpson... Jim Jarmush est un fidèle de cannes depuis "Stranger Than Paradise" (1984), où il fût primé plusieurs fois, mais cette fois il rentrera sans doute bredouille. Ce nouveau film est ambitieux mais il manque une vraie ligne directrice (comique ou dramatique, peur ou satire) pour réussir à convaincre pleinement. Dommage...

Note :

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