90's (2019) de Jonah Hill

Premier long métrage en tant que réalisateur-scénariste pour Jonah Hill (35 ans) qui était jusque là surtout connu comme trublion, essentiellement dans des comédies de "40 ans Toujours Puceau" (2005) de Judd Apatow à "Don't Worry, He Won't Get Far On Foot" (2018) de Gus Van Sant en passant par "SuperGrave" (2007) de Greg Mottola et "Le Loup de Wall Street" (2013) de Martin Scorcese. Cette fois, après avoir tourné pour les autres, il a eu envie de raconter une histoire personnelle, presque autobiographique : "Je passais ma vie au tribunal, que l'on a recréé à l'identique dans le film, avec les graffitis et tout ce qui s'y trouvais à l'époque. Je n'étais pas très bon skateur, mais je cherchais avant tout à trouver une tribu, un groupe d'amis. (...) Alors même si le film ne raconte pas mon histoire, la toile de fond du tribunal et de L.A. est la même que celle dans laquelle j'ai grandi."... Si Jonah Hill est pour la première fois réalisateur, il co-produit et écrit le scénario comme il l'a déjà fait par exemple sur le dyptique "21 et 22 Jump Street" (2012-2014) de Phil Lord et Christopher Miller puis l'excellent film d'animation "Sausage Party" (2016) de Conrad Vernon et Greg Tiernan... On suit donc le tout jeune Stevie 13 ans, solitaire réservé qui va se trouver une bande de copains plus âgés que lui via une passion commune pour le skate-board...

90's (2019) de Jonah Hill

Le jeune héros est incarné par Sunny Suljic, s'il est encore peu connu il a été vu dans "Mise à Mort du Cerf Sacré" (2017) de Yorgos Lanthimos et surtout dans "Don't Worry, He Won't Get Far On Foot" aux côtés de Jonah Hill où il jouait un jeune skateboarder. Sa mère est jouée par Katherine Waterston vue dans la saga "Les Animaux Fantastiques" (2016-2018) de David Yates, tandis que son frère aîné est joué par Lucas Hedges qui est en pleine ascension depuis "Manchester by the Sea" (2016) de Kenneth Lonergan... Si le jeune héros est interprété par un jeune acteur le reste du groupe est joué par des amateurs inconnus. Ces skateurs jouent donc pour la première fois dans un film et évoluent déjà tous dans le milieu interlope du skate-board. Jonah Hill a choisi une mise en scène dans la grande lignée du ciné indé US, naturaliste et empreint d'une nostalgie qui transpire à chaque instant. Le cinéaste a clairement un attachement particulier pour son petit Stevie sur lequel il jette un oeil bienveillant. Et pourtant, rien ou pas grand chose nous permet le même attachement car jamais on n'apprend à le connaitre réellement. En effet, on ne sait rien sur ce jeune ado à l'exception de la violence de son frère et qu'il se prend de passion pour le skate. Le récit repose donc surtout sur le fait que le jeune de 13 ans s'ouvrir et grandir au contact de jeunes plus âgés (16-18 ans ?!).

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Une quête initiatique assez banal donc surtout quand on pense quasiment à chaque instant à d'autres oeuvres plus audacieuses sur des thématiques similaires comme "Ken Park" (2003) et "Wassup Rockers" (2006) tous deux de Larry Clark, et "Les Seigneurs de Dogtown" (2005) de Catherine Hardwicke et "Paranoid Park" (2007) de Gus Van Sant... Le cinéaste signe une chronique dont l'émotion repose surtout sur une maman touchante mais sous-exploitée, d'autant plus quand on se fait voyeur malgré nous d'une famille qui a un gros soucis (un frère extrêmement violent sans que ça se sache ?!). Ensuite les fêtes, les sorties, les bêtises, les dialogues sont réalistes mais ineptes tant les amis skateurs sont inintéressants et vains à l'exception notable du black, d'ailleurs très bien joué par le seul amateur qui sort du lot, Na-Kel Smith... Même les séquences de skate manque d'intérêt et/ou de talent ! On apprécie surtout l'atmosphère ambiante, le regard plein de nostalgie porté par le cinéaste mais il manque un réel fond, un réel propos pour convaincre pleinement. Le vrai atout bonus de ce film est d'avoir révélé un talent certain de réalisateur en ce qui concerne Jonah Hill... A suivre...

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