At Eternity's Gate (2019) de Julian Schnabel

Nouveau film sur le célèbre peintre Vincent Van Gogh qui est siglé Netflix, dont on rappellera surtout le biopic "La Vie Passionnée de Vincent Van Gogh" (1956) de Vincente Minnelli, avec Kirk Douglas. Mais ce nouveau film n'est pas un biopic "intégral", il se focalise sur les deux dernières années du peintre (1888-1890) ce qui le rapproche surtout du film "Van Gogh" (1991) de Maurice Pialat avec Jacques Dutronc qui relatait les deux derniers mois du peintre... Ce film est un projet d'un autre peintre, en effet avant d'être cinéaste Julian Schnabel est avant tout un peintre néo-expressionniste reconnu et important qui racontera d'ailleurs un pan de sa vie avec le biopic sur le peintre qui le remettra en question, "Basquiat" (1996) qui sera donc son premier long métrage. Toujours produit par Jon Kilik (producteur également de nombreux Spike Lee et de la saga "Hunger Games") Schnabel co-signe le scénario avec monsieur Jean-Claude Carrière, auteur prolifique de "Le Soupirant" (1962) de Pierre Etaix à "L'Artiste et son modèle" (2013) de Fernando Trueba en passant par "La Piscine" (1969) de Jacques Deray et "Cyrano de Bergerac" (1990) de Jean-Paul Rappeneau. Dans le rôle de Van Gogh on retrouve Willem Dafoe qui a déjà tourné pour Schnabel dans "Basquiat" (1996) et "Miral" (2010).

At Eternity's Gate (2019) de Julian Schnabel

Son frère Théo est incarné par Rupert Friend vu dernièrement en fils de Staline dans "La Mort de Staline" (2018) de Armando Iannucci, Gauguin est incarné par Oscar Isaac qui semble abonné à Netflix après "Annihilation" (2018) de Alex Garland et "Triple Frontière" (2019) de J.C. Chandor, le docteur Gachet est joué par Mathieu Amalric qui retrouve ainsi Dafoe après "The Grand Budapest Hotel" (2014) de Wes Anderson et surtout il retrouve Schnabel et l'actrice Emmanuelle Seigner après "Le Scaphandre et le Papillon" (2007). Ces acteurs sont entourés d'un casting prestigieux souvent venu pour une simple apparition, voir pour un caméo comme Mads Mikkelsen, Niels Arestrup, Anne Consigny, Vincent Perez, Lolita Chammah, Amira Casar... Une équipe dont on retrouvera pas mal de monde dans le prochain documentaire "Julian Schnabel : A Private Portrait" (2018) de Pappi Corsicato... Ce casting comporte un petit soucis et un gros soucis. Le premier est qu'on peut tiquer de voir un acteur de 63 ans jouer un artiste qui est mort à 37 ans, ensuite, et là c'est très problématique, c'est que l'acteur Willem Dafoe est doublé par l'acteur Patrick Chesnais ; acteur qu'on aime beaucoup par ailleurs mais cette fois sa voix ne correspond pas du tout avec Dafoe, le doublage est de surcroît plus que limite sur bien des passages, et ce décalage voix est d'autant plus gênant que le plupart des autres acteurs se doublent eux-mêmes. La voix de Patrick Chesnais peut paraître anodine mais pas du tout, elle complique nécessairement notre immersion dans le film d'autant plus que la voix de Patrick Chesnais est très reconnaissable...

At Eternity's Gate (2019) de Julian Schnabel

Si on peut passer sur cette problématique le film a, par contre, deux qualités indéniables. La mise en scène de Schnabel qui privilégie la caméra à l'épaule et qui se rapproche toujours plus de son personnage principal, se portant notamment dès que possible en gros plan. Et surtout on aime le côté contemplatif, le cinéaste use sans aucun doute de son propre oeil artistique pour magnifier des plans et des séquences de toute beauté bien aidé par le travail sur la photographie signée Benoit Delhomme connu notamment pour son travail sur "L'Odeur de la Papaye Verte" (1993) de Tran Anh Hung et "Une Merveilleuse Histoire du Temps" (2015) de James Marsh... On peut rester perplexe sur 2-3 passages dont la teneur reste floue comme ce qui paraît une agression par Van Gogh par exemple. Mais dans l'ensemble c'est historiquement assez fiable et crédible. On apprécie particulièrement l'exploration psychologique de l'artiste qui reste d'une belle inspiration de la part de Julian Schnabel. En conclusion un nouveau film intéressant qui offre quelques moments de grâce inspirée, qui pêche surtout par un mauvais choix de casting.

Note :

Eternity's Gate (2019) Julian SchnabelEternity's Gate (2019) Julian Schnabel