Fog (1980) de john Carpenter

Après quelques succès comme "Assaut" (1976) le réalisateur John Carpenter s'est fait un nom, notamment avec sa proche collaboratrice Debra Hill sa scénariste-productrice essentiellement sur les années fastes 1978-1982. Le couple a eu l'idée du film en visitant le site de Stonehenge en Angleterre, alors qu'ils étaient en promo pour le film "Assaut", alors que le site était envahit par le brouillard. Ils se sont ensuite inspiré d'une histoire vraie ayant eu lieu à la ville de Goleta au 19ème siècle, ainsi que du film "The Trollenberg Terror" (1958) de Quentin Lawrence... D'ailleurs il est aussi amusant de constater les points communs entre ce film, celui de Carpenter écrit et tourné en 1979 avec le film "The Mist" (2007) de Frank Darabont d'après le roman éponyme (1980) d'un certain Stephen King, marrant également quand on sait que Carpenter adaptera King avec "Christine" (1983)...

Fog (1980) de john Carpenter

Au casting, le réalisateur a fait appel à la Scream Girl Jamie Lee Curtis qui était déjà dans "Halloween, la Nuit des Masques" (1978), elle joue ainsi avec sa mère, Janet Leigh star de l'Âge d'Or de Hollywood qu'elle retrouvera plus tard dans "Halloween 20 ans après" (1998) de Steve Miner. A leurs côtés il y a aussi l'actrice Adrienne Barbeau qui retrouve également Carpenter après "Meurtre au 43ème étage" et qui retrouvera le cinéaste pour "New-York 1997" (1981) ainsi que l'acteur Tom Atkins. Le prêtre est incarné par l'excellent Hal Holbrook plus de 25 ans de carrière lors du tournage vu dans "Les Hommes du Président" (1976) de Alan J. Pakula et "Julia" (1977) de Fred Zinnemann... D'emblée l'atmosphère du film nous replonge dans les rues de "Halloween", une atmosphère lancinante et mystérieuse bien mise en musique par Carpenter lui-même ; ce dernier signant la B.O. de quasi tous ses films à l'exception notable de (1982) sera signée d'un certain Ennio Morricone. Ensuite on s'amuse à rechercher les clins d'oeil et références que Carpenter assimile et digère pour mieux l'incorporer dans son film. Ainsi on reconnait un des lieux de tournage qui s'avère être Bodega Bay, connu pour avoir été au centre du film "Les Oiseaux" (1963) de Alfred Hitchcock. La citation d'ouverture renvoie à Edgar Allan Poe, tandis que certains voient dans les "revenants vengeurs" une évocation du personnage de Clint Eastwood dans "L'Homme des Hautes Plaines" (1973)... Mais si ce genre de références nous plait, le film en lui-même a malheureusement subit les affres du temps. Le problème principal réside dans ce brouillard qui est au centre de l'intrigue. D'ailleurs le cinéaste ne cache pas que ce fut la plus grande difficulté du film. Si le résultat est médiocre ce n'est pas du fait de la "consistance" du brouillard lui-même mais bien de l'idée saugrenue de rajouter une luminosité forte, une sorte de lumière divine qui émerge de la brume dont on ne comprend jamais l'origine et/ou le pourquoi du comment. Une lumière inutile à tous points de vue.

Fog (1980) de john Carpenter

L'autre soucis vient que l'histoire prend sans doute un peu trop son temps au début ce qui crée une incohérence, à savoir comment comprendre des personnages qui paniquent à l'arrivée du brouillard sans savoir ce qui se passe et/ou sans avoir été témoin de phénomènes inquiétants ?! Il aurait fallu que le prêtre prévienne à minima ses fidèles par exemple... Certains passages sont de surcroît peu compréhensibles comme le morceau de bois trouvé sur la plage, les yeux rouges dans le brouillard ou cette fin où on se dit tout ça pour ça 100 ans après ?! C'est sûr ça va leur être utile ! On comprend que John Carpenter lui-même avoue qu'il s'agit d'un de ses films les plus décevants, avouant par là même que le premier montage était "un ratage complet" ; le cinéaste avait dû tenter d'y remédier en retournant quelques passages et refaire la bande sonore. Cette déception explique d'ailleurs pourquoi Carpenter a accepté le projet du remake qui donnera le non moins médiocre "Fog" (2005) de Rupert Wainwright. Néanmoins le film sera un succès public à défaut d'avoir convaincu la critique. Le célèbre Roger Ebert avait commenté : "ce n'est pas un grand film, mais c'est une belle promesse de la part de Carpenter"... Pas faux... Ce film surnage grâce à l'ambiance angoissante et à une mise en scène qui ne nous lâche jamais mais il faut avouer qu'il s'agit là d'une oeuvre mineure du maître de l'horreur. Dommage...

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