Taps (1981) de Harold Becker

Après plusieurs années dans le documentaire le cinéaste Harold Becker est remarqué dans la fiction avec le polar "Tueur de Flics" (1979). Son nouveau projet est l'adaptation du roman "Father Sky" (1979) de Devery Freeman, auteur ayant lui-même une formation militaire et affecté au service Radio des forces armées (ce qui n'est pas anodin au vu de l'histoire du roman) et, soit dit en passant, un des fondateurs du syndicat Writers Guild of America (syndicat des scénaristes). Le scénario est signé à plusieurs mains, dont Robert Mark Kamen qui sera ensuite de l'écurie Besson auquel on doit la franchise laborieuse "Taken" (2008-2012-2014)... L'histoire nous plonge dans une académie militaire qui vit sa dernière année avant une vente immobilière. Mais après une bavure de leur général l'administration décide de fermer l'école sans plus attendre ce qui décide les cadets à se mutiner pour que leur académie ne ferme pas. Les cadets, sous le commandement de leur major de promo, vont alors investir les lieux dans l'attente que leurs revendications soient accepter par leur hiérarchie...

Taps (1981) de Harold Becker

Hors cadets, le général responsable de l'académie est incarné par le géant George C. Scott à jamais le "Patton" (1970) de Franklin J. Schaffner, l'officier qui a la responsabilité de déloger les cadets est lui interprété par Ronny Cox qui a été révélé par le film "Delivrance" (1972) de John Boorman. Mais le film est surtout connu pour avoir lancé trois futures stars, le film étant leur premier ou second film. D'abord Timothy Hutton qui venait d'être oscarisé pour son premier rôle dans "Des Gens comme les Autres" (1981) de Robert Redford, mais surtout on y voit les débuts de Sean Penn (premier film) et Tom Cruise (second). Alors qu'il est beaucoup question d'honneur dans l'armée, il est amusant de voir que les trois acteurs y seront de nouveau confrontés dans leur filmo futur, Hutton dans "Le Déshonneur d'Elizabeth Campbell" (1999) de Simon West, Sean Penn avec "Outrages" (1989) de Brian De Palma et surtout Tom Cruise avec "Né un 4 Juillet" (1989) de Oliver Stone et "Des Hommes d'Honneur" (1992) de Rob Reiner... Le film a été tourné à l'académie militaire de Valley Forge (Pennsylvanie). Dès les premières minutes on plonge dans l'armée et ses traditions symbolisées par un vieux général à priori nostalgique d'une époque révolue mais idolâtré par ses cadets. Ce prologue est essentiel puisque sous couvert d'un message d'abord militariste les conséquences futures y mettront un bémol certain. Les cadets sont sous l'influence de leur général, ce dernier même absent, porte les cadets qui croient dur comme fer qu'ils rendent ainsi hommage à son sens du devoir et de l'honneur. Jusqu'à la prise de pouvoir de l'école par les cadets le film est intéressant et cohérent mais très vite trop d'invraisemblances s'accumulent. En effet, comment croire que des cadets âgés entre 12 et 17 ans tiendraient tête aussi longtemps à des troupes "adultes" ?! Surtout, comment et pourquoi ces troupes "adultes" n'usent pas de stratégies vieilles comme la guerre elle-même comme un blocus alimentaire par exemple, ou couper les sources d'énergie ?! Enfin, outre les moyens connues mais occultés, comment croire que les médias seraient absents d'un tel évènement ?!

Taps (1981) de Harold Becker

Le face à face cadets vs adultes est en cela trop peu convaincant. Heureusement, l'autre facette de l'histoire est beaucoup plus intéressante, à savoir les relations entre les jeunes. Des adolescents qui se lancent dans un jeu de guerre dont les conséquences qui arrivent les dépassent vite. Des adolescents qui se croient déjà assez forts pour assumer des décisions définitives. Des adolescents qui ne voient pas que les relations entre eux restent sujettes aux émois dus à leur jeunesse... Le célèbre critique ciné Roger Ebert a comparé ce film au roman "Sa Majesté des Mouches" (1954) de William Golding, adapté au cinéma (1965) par Peter Brook ; effectivement on rejoint un peu l'évolution d'un microcosme où les enfants crée une société cohérente et harmonieuse et qui évolue vers une sorte de dictature incontrôlable. Le film offre une réflexion à plusieurs niveaux avec en prime l'éclosion de jeunes acteurs, dommage que l'ensemble soit un peu bancal entre l'action des forces adultes et l'auto-gestion des cadets. Néanmoins le film est assez prenant et les enjeux restent universels.

Note :

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