Après des films comme "Un Heureux Evènement" (2011) et (2015) le réalisateur Rémi Bezançon revient en adaptant, avec sa co-scénariste habituelle Vanessa Portal, le roman éponyme (2016) de David Foenkinos, auteur qui est par ailleurs aussi cinéaste avec son frère Stephane auxquels on doit "La Délicatesse" (2011) d'après son roman et (2017). Mais l'auteur a aussi connu d'autres adaptations par des tiers comme "Les Souvenirs" (2014) de et avec Jean-Paul Rouve et "Je Vais Mieux" (2018) de Jean-Pierre Améris... Cette fois on suit un critique littéraire qui pense qu'un nouveau roman, sorti par une jeune éditrice d'une étrange bibliothèque de manuscrits refusés, a été écrit par un nègre mystérieux plutôt que le véritable Henri Pick. Il part en Bretagne enquêter sur les origines de ce roman...
Le journaliste littéraire est incarné par le succulent Fabrice Luchini vu récemment dans "L'Empereur de Paris" (2018) de Jean-François Richet, il est aidé dans son enquête par la fille de Henri Pick interprétée par Camille Cottin vue récemment dans "Premières Vacances" (2019) de Patrick Cassir et "Les Fauves" (2019) de Vincent Mariette, et la jeune éditrice est jouée par la jolie Alice Isaaz vue dans "Mademoiselle de Joncquières" (2018) de Emmanuel Mouret. En prime on notera un petit rôle dans lequel on reconnaitra l'actrice Hanna Schuygulla muse de Rainer Werner Fassbinder pour lequel elle joua dans pas moins de 20 films de "Le Bouc" (1969) à "Lili Marleen" (1981)... Le réalisateur-scénariste désirait dans un premier temps une enquête dite "MacGuffin", soit que l'enquête sur le livre ne soit qu'un prétexte, un concept qu'on a pu déjà voir par exemple dans "Les 39 Marches" (1935) de Alfred Hitchcock (dont on voit un extrait dans le film) ou dans "Pulp Fiction" (1994) de Quentin Tarantino. Le cinéaste ne poussera pourtant pas le concept à fond, il précise : "Un livre est un objet autrement plus signifiant qu'un microfilm ou une valise de billets. Il nous a permis d'évoquer directement notre thème principal, l'inconstante frontière entre fiction et réalité."... Si l'histoire paraît parfois tiré par les cheveux elle est pourtant assez cohérente, surtout quand on se souvient que l'Histoire littéraire en a vu d'autre ! Très vite on est avec et aux côtés de ce journaliste qui ne peut plus faire autrement que de prouver son intime conviction.
L'enquête est prenante, pour ne pas dire fascinante même si on voit venir le twist (le "dénouement surprise") un légèrement trop vite et facilement. L'autre bon point est la jolie osmose entre Luchini et Camille Cottin bien servis par des dialogues savoureux. Les situations ne fonctionnent d'ailleurs que par les dialogues, et vice versa, ce qui crée un humour salvateur et particulièrement judicieux mariant populaire et littérature. La fin laisse un petit goût amer, à la fois parce que les conséquences de l'affaire sont occultées et que l'idylle est un peu téléphonée. Le côté retour aux sources en campagne allié à la question de l'art n'est pas sans renvoyer au film "Alceste à bicyclette" (2013) de Philippe Le Guay où, déjà, Luchini jouait mais cette fois avec le théâtre en toile de fond. En conclusion, Rémi Bezançon signe une comédie littéraire drôle et maline servie par un magnifique duo d'acteurs.
Note :
