Lukas (2018) de Julien Leclercq

Julien Leclercq s'est imposé petit à petit comme un spécialiste du film d'action à la française après les films "Chrysalis" (2007), (2010), "Gibraltar" (2013) et "Braqueurs" (2016). Il devait changer de registre en tournant le biopic "Prost" mais le tournage fut décalé pour des soucis de financement comme le cinéaste l'explique : "Comme il s'agit d'un film que je ne peux pas tourner l'hiver, il fallait que je trouve à m'occuper ! (rires) Plus sérieusement, c'est un scénario qui m'a été soumis par le scénariste Jérémie Guez et son associé Aimée Buidine, avec qui nous avons produit un premier film l'an dernier. Mon associé Julien Madon a rencontré Jean-Claude Van Damne à Los Angeles. Ensuite, tout est allé très vite : j'ai préparé, tourné et post-produit le film en six mois, ce qui est très compact ! C'était intense mais cela correspondait à l'ADN du projet, très sensoriel, très instinctif."... Le scénariste Jérémie Guez s'est fait une place depuis quelques années en signant les scénarios de films comme (2016) de Jalil Lespert, "Sparring" (2018) de Samuel Jouy, "Burn Out" (2018) de Yann Gozlan, "La Nuit a dévoré le Monde" (2018) de Dominique Rocher et son premier film en tant que réalisateur "Tu ne Tueras Point" (2017) devrait sortir en 2019 sur les écrans...

Lukas (2018) de Julien Leclercq

Un ancien garde du corps devenu agent de sécurité pour une boite de nuit se retrouve contraint de devenir indic pour la police... Sur un speech court mais efficace Julien Leclercq offre un rôle écrit sur mesure pour son acteur principal, Jean-Claude Van Damne qui retrouve un rôle à sa démesure qu'il n'a pas connu depuis "JCVD" (2008) de Mabrouk El Mechri. Dans cette production franco-belge on retrouve les français Sami Bouajila et le rappeur Kaaris qui se retrouvent avec Leclercq après "Braqueurs". On retrouve surtout deux gueules belges, Sam Louwyk déjà vu dans (2011) de Michael R. Roskam, "Les Ardennes" (2016) de Robin Pront, (2016) de Feliux Van Groeningen et (2017) de Martin Koolhoven, puis Kevin Janssens vu dans "Tueurs" (2017) de François Troukens et Jean-François Hensgens et "Revenge" (2018) de Coralie Fargeat. Tandis que l'atout charme revient à Sveva Alviti remarquée pour son rôle titre "Dalida" (2017) de Lisa Azuelos... Le premier bon point est la façon de filmer Van Damne dont le visage buriné d'un homme qui a tout vécu n'est pas sans rappeler Clint Eastwood (toute proportion gardée). Leclercq avoue plutôt une autre inspiration : "Je tenais à ce que, dès le premier plan, comme Mickey Rourke dans "The Wrestler", on oublie toue sa filmographie et sa silhouette hollywoodienne. J'avais envie d'un polar noir, réaliste, à l'image des polars flamands et scandinaves que j'aime, et inscrire Jean-Claude dans cet univers, ultra-réaliste et dense."... JCVD incarne un homme fatigué, qui ne survit que pour sa fille et qui va tenter de se sortir d'un piège fatal. L'acteur est quasi de tous les plans, il porte littéralement le film et impose un charisme toujours bel et bien présent.

Lukas (2018) de Julien Leclercq

Par contre on reste perplexe quant à la crédibilité de Lukas et son passé tant il semble particulièrement naïf vis à vis de son "embrigadement" par la police. En effet, son accord sans réelle question puis ensuite le "twist" amenant au final font que l'intrigue ne tient pas beaucoup la route. Dommage car l'atmosphère pesante et anxiogène fonctionne plutôt bien et les scènes d'action sont sans fioriture, directes et efficaces. Leclercq signe un petit polar sombre et pessimiste, sec et viril mais non dénué d'une once de sensibilité. Pas un grand film, mais un JCVD très bon dans un petit film qui fait le job.

Note :

Lukas (2018) Julien LeclercqLukas (2018) Julien Leclercq