The Wife (2019) de Björn Runge

Un film qui fait un petit buzz sympathique car hors circuit, il s'agit d'un film dit e-cinema une autre alternative hors salles obscures, hors Netflix. Mais surtout il s'agit d'un film e-cinema qui a reçu un accueil critique excellent avec en prime le Golden Globes de la meilleure actrice pour Glenn Close, ce qui la lance comme favorite pour l'Oscar à venir... Le film est l'adaptation du roman éponyme (2003) de Meg Wolitzer, qui raconte une période de vie cruciale du couple Castleman pendant laquelle monsieur doit recevoir le Prix Nobel de littérature ce qui réveille des doutes, des souvenirs et un secret chez son épouse... Le film est réalisé par le réalisateur suédois Björn Runge pour une co-production à majorité américaine dont le scénario est signé de Jane Anderson ex-costumière qui a écrit "Milliardaire malgré lui" (1994) de Andrew Bergman et qui a depuis réalisé et écrit ses propres films dont "The Prize Winner of Defiance Ohio" (2005)...

The Wife (2019) de Björn Runge

Le couple est incarné par la talentueuse Glenn Close qu'on avait pas vu aussi investie depuis "Albert Nobbs" (2012) de Rodrigo Garcia, et Jonathan Pryce qu'on a pu voir récemment dans Jonathan Pryce "L'Homme qui tua Don Quichotte" (2018) de Terry Gilliam. Pryce retrouve par ailleurs deux de ses partenaires de film "La Femme au Tableau" (2015) de Simon Curtis avec Elizabeth McGovern et Max Irons. On notera le rôle secondaire mais crucial de Christian Slater, has been dont le dernier film "important" est "Nymphomaniac" (2013) de Lars Von Trier. Et enfin, le rôle de Glenn Close jeune revient à sa propre fille, Annie Starke avec qui elle jouait déjà dans "Albert Nobbs"... Le sujet du film a forcément un écho particulier à Hollywood et, par ricochet, dans le monde car il sert d'écho militant à toutes les féministes post-affaire Weinstein. Mais pour être honnête et le plus objectif possible le scénario n'offre pourtant pas de quoi pavoiser ou même argumenter dessus. En effet, le secret (qui est dévoilé dans le dossier presse et dans la bande-annonce) et son histoire est un thème déjà vu au cinéma notamment récemment dans (2018) de Wash Westmoreland. Mais la différence, qui est de taille, est que "Colette" relate une histoire vraie qui se déroule à une époque patriarchale plus forte de la fin du 19ème siècle, alors que "The Wife" est une histoire des années 60-90. En fait, si on y prend garde monsieur Castleman est un homme égoïste et égocentrique qui s'est servi de son épouse amoureuse et naïve pour se façonner une carrière littéraire de tout premier ordre. Mais il en est rien ! Elle est d'abord une étudiante intelligente et forte qui décide de son plein gré de participer au subterfuge, qui arrange bien son mari certe, mais il n'y a aucune contrainte au départ, l'excuse du "monde d'homme" est un peu stupide, dans les années 60 il existe déjà de grands écrivains féminins...

The Wife (2019) de Björn Runge

En vérité le film n'est pas spécifiquement féministe, l'épouse se réveille et se repend que parce que le Nobel est en jeu, l'égo de madame se réveille là ! La fin du film confirme d'ailleurs ce constat que le secret est dû à l'un et à l'autre, scellé par un amour véritable... L'ambiguité de fond du film n'est due qu'à cette période trouble post-Weinstein poussée au paroxysme par les réseaux sociaux, sinon, le film est un drame intime classique qui n'a pas grand chose à voir avec le scandale, le mouvement féministe ou avec un sujet similaire à "Colette". L'histoire reste fascinante, car elle renvoie surtout à l'utilisation de "nègre" par les écrivains. Et enfin, le film doit beaucoup à ses interprètes, Glenn Close est fabuleuse en épouse dévouée mais si royale car "faiseuse de roi", elle mérite son Golden Globe. Jonathan Pryce n'est pas en reste en artiste majeur mais si fragile sans sa femme. Un beau et bon film, malheureusement détourné à des fins bassement militants, mais qui reste particulièrement passionnant.

Note :

Wife (2019) Björn RungeWife (2019) Björn Runge