Speed (1994) de Jan De Bont

Presque une exception que ce blockbuster d'action qui n'est produit ni par le duo Bruckheimer-Simpson ni par Joel Silver mais par des jeunes producteurs qui gagneront ensuite les épaules pour des films comme "Pluie d'Enfer" (1997) de Mikael Solomon et "Il faut sauver le Soldat Ryan" (1998) de Steven Spielberg. Il s'agit du premier scénario de Graham Yost (futur auteur de la série "The Pacific" avec Tom Hanks et Steven Spielberg suite logique et thématique à "... Soldat Ryan") qui signe en fait le remake du film japonais "Super Express 109" (1975) de Jun'ya Sato... La différence est qu'au Japon il s'agit d'un train qui ne doit pas descendre en-dessous de 80km/h alors qu'à Los Angeles il s'agit d'un bus piégé qui ne doit pas descendre en-dessous des 50 miles à l'heure. Si Quentin Tarantino avait été envisagé un temps pour se mettre derrière la caméra c'est finalement Jan De Bont qui s'y colle pour sa première réalisation, lui qui était surtout conu comme directeur Photo sur des films comme "La Chair et le Sang" (1985) et "Basic Instinct" (1992) tous deux de son compatriote Paul Verhoeven, puis "Piège de Cristal" (1988) et "A la Poursuite d'Octobre Rouge" (1990) tous deux de John McTiernan... Amusant quand on sait que sur ce poste c'est Andrzej Bartkowiak qui est choisi connu pour son travail sur "Le Verdict" (1983) de Sidney Lumet et "Chute Libre" (1993) de Joel Schumacher et dont la future filmo en tant que réalisateur sera aussi médiocre que son collègue...

Speed (1994) de Jan De Bont

En tête d'affiche on a Keanu Reeves qui est alors une star après quelques succès comme "Point Break" (1991) de Kathryn Bigelow et "My Own Private Idaho" (1991) de Gus Van Sant, il fait équipe avec Jeff Daniels vu dans "La Rose Pourpre du Caire" (1985) de Woody Allen et "Dumb and Dumber" (1995) des frères Farrelly. La belle de l'histoire (il y en a toujours une !) est jouée par Sandra Bullock qui devient une star d'un coup en enchainant juste après "Demolition Man" (1994) de Marco Brambilla tandis que le méchant est incarné par Dennis Hopper à une période où il semble abonné aux rôles de psychopathes comme sur "Red Rock West" (1993) de John Dahl, "True Romance" (1993) de et "Waterworld" (1995) de Kevin Reynolds... Le film démarre fort avec un sauvetage qui permet de présenter les protagonistes tout en étant dans l'action d'entrée. Bon point, pas trop explicatif et on entre directement dans le vif du sujet. Mais très vite on est déçu que ce film n'ait pas été pensé comme un contre la montre en temps réel. 01h56 pour si peu, il est évident que ce film aurait gagné à être vu en temps réel tout en gagnant 10-15mn. On peut même soupçonné que cette idée a dû effleurer l'équipe tant la partie dans le bus est traité comme tel. Malheureusement le scénario s'avère convenu et sans réelle surprise. Encore fallait-il assumer et assurer le tout avec talent. Le pire étant l'invraisemblance de trop de séquences, notamment celle du saut de bus au-dessus du vide qui est ridicule (et pourtant elle est LA scène ultime du film, celle dont l'équipe est bien fière !) où comment un bus saute comme sur un tremplin alors même que ce saut est tout bonnement impossible avec l'avant du bus beaucoup plus haut que l'arrière...

Speed (1994) de Jan De Bont

Les acteurs ne sont pas tous justes, Hopper aussi génial soit-il s'autocaricature, d'autres semblent ne pas trop y croire (Jeff Daniels en second couteau aurait-il été un peu vexé ?!). C'est rythmé, et il y a assez de pyrotechnie pour faire écran de fumée si on est pas trop regardant et le héros est beau et trop fort mais au final rien ne surprend un temps soit peu, efficace mais brouillon. Pour l'anecdote, un clin d'oeil est fait à "Piège de Cristal" quand on arrive sur le tarmac de l'aéroport où on remarque que la compagnie aérienne est Pacific Courrier, soit la compagnie qu'on voit quand Bruce Willis doit prendre l'avion... Si "Speed" fait le job du pur divertissement pop corn on reste donc sur une déception, mais le film lui cartonnera au box-office ce qui amènera malheureusement à la suite oubliée et oubliable "Speed II : Cap sur le danger" (1997) toujours avec Jan De Bont et Sandra Bullock mais sans Keanu Reeves qui a eu le nez fin...

Note :

Speed (1994) Bont