[AVIS] Creed II, humble et puissant !

La vie est devenue un numéro d'équilibriste pour Adonis Creed. Entre ses obligations personnelles et son entraînement pour son prochain grand match, il est à la croisée des chemins. Et l'enjeu du combat est d'autant plus élevé que son rival est lié au passé de sa famille. Mais il peut compter sur la présence de Rocky Balboa à ses côtés : avec lui, il comprendra ce qui vaut la peine de se battre et découvrira qu'il n'y a rien de plus important que les valeurs familiales. Le premier opus du spin-off Creed avait réussi haut la main un pari plutôt risqué, redonner une personnalité, une nouvelle couleur et de nouvelles bases à la saga Rocky, tout en lui rendant hommage avec finesse.

Autant jouer cartes sur table, Creed II est moins bon que son prédécesseur, car là où Creed, premier du nom, avait réussi à être surprenant et puissant émotionnellement ; Creed II semble carburer à une recette que l'on aura déjà eu maintes fois l'occasion de goûter avec une bonne poignée de thèmes rabattus tels que la revanche ou la filiation (qu'elle soit sanguine ou spirituelle) ; le tout servant à donner une épaisseur psychologique à des personnages qui en font parfois des caisses sur leur condition.

Le pitch de ce nouveau film est simple ; Adonis Creed, fils d'Apollo Creed, devra faire face à Viktor Drago, un mastodonte d'1m93 pour 111 kg dont le père, Ivan Drago, tient à assouvir sa vengeance d'une défaite qu'il n'a jamais su digérer contre Rocky Balboa sur le sol russe en 1985. Un scénario signé Sylvester Stallone qui fait effectivement sourire au premier abord tant il semble représenter l'évidence même.

Heureusement, Ivan et Viktor (Drago) ne sont pas les caricatures de cartoon que nous présentait Rocky IV. Les personnages ont une épaisseur et ne sont plus la représentation caustique des robots froids et sans émotions au service d'un pays ennemi de l'Amérique. On s'attarde sur eux et il est même parfois plus difficile de sympathiser avec Adonis Creed, enfant nombriliste et capricieux à souhait. Le petit manque de piquant du film s'explique aussi sûrement par un changement de réalisateur. Ryan Coogler, qui était aux manettes du premier opus et qui est occupé en ce moment même à faire la promotion de Black panther pour les Oscars 2019, cède ici sa place à Steven Caple Jr, jeune réalisateur n'ayant qu'un film à son actif ; , sorti l'année dernière, directement sur les plateformes VOD.

[AVIS] Creed II, humble et puissant !

Cependant ! Dans une époque où les spin-off et leurs suites que l'on nous impose semblent la plupart du temps sans intérêt et paresseuses, c'est un plaisir que d'en voir une qui semblait nécessaire. Cet opus est moins bon que le premier, certes. Mais c'est assez réussi pour être passionné, humble et touchant. Et c'est exactement ce qu'un film "Rocky" est capable de nous donner.

Creed II, à l'instar du reste de la saga n'est pas un film sur la boxe. Certes on y va pour voir des combats qu'on dit "perdus d'avance" et jouir devant l'erreur des pronostics après que le héros ai subi un entraînement d'une rigueur extrême dans un environnement hostile, le tout mis en scène par une musique et un montage à vous donner la force de soulever une voiture. Mais nous y allons surtout pour découvrir à quel point cette saga de films trouve en nous un sens, un écho.

Les films Rocky portent un message universel : toujours se relever et ne jamais flancher malgré les obstacles sur notre chemin. Ils cristallisent un combat psychologique et personnel qui doit être mené sur le ring, comme en dehors, à la force du coeur et des poings ; et Creed II s'inscrit dans celle lignée. La rage, l'émotion et l'humilité qui ont fait le succès de la saga de Sylvester Stallone sont là et nous donnent envie de monter sur le ring pour un huitième round, quarante-deux ans après le premier. Lorsque vous sortirez de la salle, vous n'êtes pas obligé de vous mettre à cogner le premier arbre venu, mais mettez directement à profit cette énergie et cette force pour atteindre vos objectifs.

Si Creed II peut un tant soit peu changer quelque chose en nous, alors il mérite notre attention.