LES DENTS DE LA NUIT (Critique)

LES DENTS DE LA NUIT (Critique)LES DENTS DE LA NUIT (Critique)

SYNOPSIS: Sam, Prune et Alice sont trois amis squatteurs de soirées. Le jour où ils dénichent des invitations pour la très mystérieuse Nuit Médicis, ils pensent avoir décroché le gros lot... Ils déchanteront vite en découvrant que leurs hôtes sont des vampires et que tous les invités sont là pour leur servir de BUFFET !!!
S'il a été très difficile d'y rentrer... il va s'avérer quasiment impossible d'en sortir !
Dès lors, nos trois comparses tenteront de s'échapper par tous les moyens, entraînant dans leur fuite, Edouard, indécrottable boulet, Krinine, dentiste pour stars et Jessica, femme de mafieux au QI désastreux...

La comédie fantastique française, vous connaissez ? Un vrai genre en soi qui, à défaut de se trouver une singularité, s'est caractérisé par un grand écart entre portnawak référentiel et lourdeur carabinée. Et les prototypes ne manquent pas, des Charlots contre Dracula de Jean-Pierre Desagnat au minable Poltergay d' Eric Lavaine en passant par des " fleurons " du genre comme Les Anges gardiens de Jean-Marie Poiré, Fantôme avec chauffeur de Gérard Oury, Frankenstein 90 d' Alain Jessua ou encore Ils sont fous ces sorciers de George Lautner. Sur cette route tout sauf glorieuse et un peu cabossée de partout se sera ajoutée en 2008 une nouvelle étape intitulée Les Dents de la nuit, énième tentative de redorer le blason d'un cinéma de genre hexagonal qui (fait) tâche (aux yeux de certains). Imaginée par deux zigotos venus de la pub ( Vincent Lobelle et Stephen Cafiero) qui signent ici leur première réalisation, cette potacherie vampirique aura toutefois tenté un autre grand écart, plus intéressant celui-là : mixer une horreur très sanguinolente avec une propension à la déconne sous haute influence d'un registre proche de celui des Nuls. Et une fois encore, les distributeurs de la chose auront démontré tout leur génie pour enfouir plus bas que terre des propositions de cinéma plus toniques et attrayantes que la moyenne, en reléguant Les Dents de la nuit parmi les sorties de l'été 2008 et en lui offrant ainsi un méga-bide à la clé. Or, c'est peu dire que le résultat, aussi terriblement inégal soit-il, avait assez de sang neuf et de bonnes intentions pour créer un début d'adhésion populaire...

LES DENTS DE LA NUIT (Critique)

Rappelant vaguement celle des Morsures de l'aube d 'Antoine de Caunes, l'histoire est ici un banal prétexte. En gros, une bande de fêtards passés maîtres dans l'art de taper l'incruste dans des soirées hype pour y jouer les pique-assiettes se retrouvent un jour piégés dans un luxueux château, peuplé de vampires qui souhaitent en faire leur buffet. Rien de bien extraordinaire, donc, et à vrai dire, pas non plus de quoi transcender un pitch de sitcom KD2A où seule compte l'envie de caser de la blagounette kikoolol dans un cadre pseudo-fantastique. C'est surtout l'humilité des deux réalisateurs qui se révèle rafraichissante. Avec un casting riche en gueules (on en repère une poignée qui trustait quelques-unes des meilleures scènes de La Cité de la peur) et un budget très confortable de 5,5 millions d'euros (même nos films d'horreur français n'ont pas la moitié de ça !), Lobelle & Cafiero auront fait le choix de faire tanguer davantage leur pur film d'horreur vers le rire, sans pour autant faire preuve de cynisme ou de condescendance vis-à-vis du genre exploré. Ceci explique sans doute pourquoi la plus grande qualité de ce premier film reste sa mise en scène. Entre un décorum chiadé, des effets spéciaux parfaits et des maquillages constamment crédibles, la faculté des réalisateurs à construire un univers tangible et jamais cheap force le respect, surtout avec un budget aussi réduit. Le jeu sur les échelles de plan et un joli nombre de trouvailles visuelles bien senties (mention spéciale à ce vampire dont les dents pointues sont sans cesse cachées par le bras d'un serveur) offrent ici une efficacité et un dynamisme qui tranche avec le néant créatif de nos comédies franchouillardes torchées vite fait mal fait par (et pour) la télé.

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Reste que si leur maîtrise visuelle a de quoi réjouir, Lobelle & Cafiero commettent en revanche pas mal de fautes irrécupérables sur la partition comique de leur film. On se doutait bien que, grand public oblige, leur niveau parodique irait piocher aussi bien dans les blagues de CM1 que dans les décalages gogol-absurdes des Nuls. Mais de là à les imaginer limités à enfiler des calembours tout sauf cinégéniques et des blagues grivoises aussi éculées qu'une énième parodie de Titanic, là, ça suffit à nous refroidir fissa. Sans doute que la majorité des jeunes comédiens issus de la télévision (de Patrick Mille à Vincent Desagnat en passant par le duel " Frédérique Bel vs. Hélène de Fougerolles " pour le combat de la minute blonde la plus cruche) les ont contraint malgré eux à ponctuer chaque vanne de clins d'œil appuyés, au lieu de les inviter à imiter leurs aînés Sam Karmann et Tcheky Karyo dans le respect de l'une des règles les plus fondamentales de la comédie (le premier degré reste la condition sine qua non pour crédibiliser une situation improbable). Reste que l'ambition du film à ne jamais vouloir grimper les cimes de la comédie d'horreur (le Shaun of the Dead d' Edgar Wright n'est pas prêt d'être battu) provoque un petit effet pas piqué des hannetons : à force de partir d'aussi bas, la logique comique du film est condamnée à augmenter, quitte à faire passer la plus " travaillée " des scènes (un pet sonore par-ci, une capoeira ratée par-là) pour du grand art burlesque. Par malice ou par flemme (chacun jugera), ce second degré un peu accidentel en vient même à donner au film l'allure d'un très sympathique bêtisier de scènes ratées.

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De ce petit ensemble sans aucune prétention et gorgé d'une bonne humeur qui fait vraiment son effet, il convient de ne rien espérer d'autre qu'un manque de sérieux ouvertement affiché au sein d'un genre horrifique qui n'est jamais méprisé. Ce qui, en ces temps sombres de cynisme et de manque de recul, passerait presque pour un mini-exploit. Il y a certes à regretter que Vincent Lobelle et Stephen Cafiero n'aient pas toujours su opter pour le bon dosage entre premier et second degré, qui leur aurait permis de s'extraire de la médiocrité ambiante de nos comédies gauloises. Reste qu'en matière de délire collectif sang pour sang qui donne tout pour son public (quitte à se planter deux fois sur trois) et qui ne prend jamais de haut le genre qu'il aborde, Les Dents de la nuit a largement de quoi faire figure d'amuse-gueule rigolo et décontracté pour un samedi soir entre potes, histoire d'accompagner idéalement votre pizza carnivore et votre gobelet d'Orangina Rouge.

LES DENTS DE LA NUIT (Critique)

Titre Original: LES DENTS DE LA NUIT

Réalisé par: Vincent Lobelle & Stephen Cafiero

Casting : Vincent Desagnat, Patrick Mille, Frédérique Bel...

Genre: Comédie, Fantastique

Sortie le: 06 août 2008

Distribué par: SND

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BIEN