L'Empereur de Paris (2018) de Jean-François Richet

Une superproduction à la française sur un personnage historique aussi légendaire qu'icônique, à savoir le destin incroyable de Eugène-François Vidocq (Tout savoir ICI !)... Plusieurs fois adapté sur grand écran depuis Harry Baur dans un court métrage suivi du long "Vidocq" (2011) de Gérard Bourgeois jusqu'au médiocre "Vidocq" (2001) de Pitof. Cette fois le projet semble avoir les moyens de ses ambitions même si on peut avoir une petite appréhension avec les producteurs Altmayer qui sont à priori plus intéressés par les comédies populaires ("Jet Set", "Brice De Nice", ...), et le scénariste Eric Besnard auquel on doit des films oubliables et oubliés comme "600 kg d'Or Pur" (2009) et "Mes Héros" (2012). Par contre le réalisateur Jean-François Richet a fait son chemin depuis "Ma 6-T Va Crack-er" (1996) et il retrouve son acteur fétiche après le dyptique (2008) et le remake "Un Moment d'Egarement" (2014)... Le rôle titre revient donc à l'excellent Vincent Cassel qui a dû prendre une quinzaine de kilos pour se rapprocher de l'imposante stature de Vidocq ; pour l'anecdote Richet et Cassel avait en 2011 un autre projet, un dyptique sur un autre personnage historique, le général La Fayette mais le projet n'a pu aboutir...

L'Empereur de Paris (2018) de Jean-François Richet

A ses côtés on retrouve Denis Ménochet et Olga Kurylenko (tous deux connaissent une année 2018 particulièrement riche), la jolie Freya Mavor révélation du film "La Dame dans l'Auto avec des Lunettes et un Fusil" (2015) de Joann Sfar, mais aussi les plus expérimentés Denis Lavant, James Thierrée, Patrick Chesnais et le succulent Fabrice Luchini en Fouché. En prime on retrouve l'acteur allemand August Diehl qu'on avait remarqué dans d'autres films français comme "En Mai Fais ce qu'il te Plait" (2015) de Christian Carion et qui retrouve Denis Ménochet depuis le tournage de "Inglourious Basterds" (2009) de Quentin Tarantino... Comme souvent il était prévu de tourner à Prague pour des raisons évidentes de coûts mais (bravo les producteurs !) le tournage a bien eût lieu sur la région parisienne. Pour les influences Jean-François Richet avoue s'être inspiré des romans de Alexandre Dumas et de Maurice Landay. La volonté de Richet est d'offrir un grand film d'aventure en se reposant sur un personnage dont la légende dépasse son destin déjà hors norme. On pense ainsi à la célèbre réplique de "L'Homme qui tua Liberty Valance" (1962) de john Ford : "Quand la légende dépasse la réalité, alors on publie la légende !" ... Pour commencer on salue le travail sur les décors et les costumes, magnifiques et stylés, à la fois réalistes et modernes. La reconstitution minutieuse et soignée force le respect et prouve que le cinéma français sait se donner les moyens quand il faut. Forçat, bagnard, indic, flic de l'ombre, grand chef de la sûreté, précurseur du détective privé, conférencier... etc...

L'Empereur de Paris (2018) de Jean-François Richet

Vidocq a un destin sans pareil issu d'une époque où ceux qui savaient nager en eaux troubles étaient les rois du monde (Talleyrand et Fouché en sont les empereurs !). Vincent Cassel incarne à merveille ce "héros" dont l'ambition a permis de gravir les échelons de façon presque surnaturelle. Les autres acteurs ne sont pas en reste, notamment Luchini étonnament sobre en Fouché, ou Ménochet terriblement charismatique et un Diehl en méchant vénéneux. D'un point de vue strictement historique, le film se focalise entre 1809 et 1814, et si la véracité des faits reste à prendre avec des pincettes on peut saluer la vraisemblance et la cohérence du récit avec la chronologie ; seuls les anciens bagnards et bandits sont inventés. Outre le scénario qui favorise l'aventure et l'action plutôt qu'à réellement être un biopic il faut absolument saluer la description du contexte géo-politico-historique, toujours sous-jacent mais bel et bien présent et force effective du destin des protagonistes en premier lieu duquel le personnage de Fouché ; un contexte jamais trop explicatif pour les historiens en herbe, et jamais trop scolaire pour les néophytes. Le scénario reste pourtant un canevas assez classique du film d'aventure qui fait la part belle à l'action. On apprécie sur ce point le choix judicieux de faire appel à un nouveau style de combat, à savoir l'art martial russe dit "Systema", pas hyper démonstratif mais diablement efficace et qui a le mérite de ne pas paraître anachronique. Richet signe donc un excellent film d'aventure historique auquel il manque juste l'ampleur et la densité de l'extraordinaire destin de Vidocq. En effet, résumé 5 ans en 01h45 donne forcément l'idée qu'une trilogie qui aurait pu démarrer durant la Terreur pour terminer vers 1827... Un fantasme... Néanmoins ce genre de film fait plaisir, le cinéma français a bel et bien les moyens d'offrir du grand et beau spectacle aussi ludique que divertissant. Un très bon moment

Note :

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