Les frères Sisters

Les frères SistersPropre et sans bavure
Jacques Audiard revient là où on ne l’attendait pas et avec un projet assez casse gueule : un film américain déjà, mais l’essence même de la mythologie américaine, le western. Tout a déjà été dit et fait dans le genre, difficile de trouver une nouvelle voie. Audiard y parvient tout de même avec ce conte brutal mais fraternel mettant l’accent sur une Amérique construite autour de la violence. Son scénario est dense ; en trois actes, l’idée la plus originale du film est de montrer deux duos en parallèle dont le premier essaie d’attraper le second pour finir par fusionner en un quatuor. Des passages obligés du genre sont bien présents (saloon, shotgun en pleine rue, soirée feu de camp,…) ; mais il en occulte volontairement d’autres (aucun grands espaces grandioses, pas d’indiens, pas de shérif, pas de diligence…) ; et surtout propose des nouveautés (des cowboys sur une plage de l’Océan Pacifique, les bons et les méchants fusionnant dans un même groupe, un final apaisé auprès de maman et non d’une belle laissée au ranch, la vengeance au travers d’un shotgun final sera avorté,…). En montrant une forme de banalité du mal, ce film opère un glissement dans son dernier tiers vers la volonté d’apaisement. Intéressant. Mais surtout, la grande qualité du film est esthétique ; Audiard est un maître de la mise en scène, de la photo, du montage,…Bien entouré dans ses domaines, il s’appuie sur un Alexandre Desplat qui propose une partition au diapason de l’œuvre. Chouette western même si j’ai l’impression que malgré tout, tout a déjà été dit dans le genre

Sorti en 2018

Ma note: 16/20