Bohemian Rhapsody, critique

Bohemian Rhapsody, critique

Freddie Mercury et sa destinée flamboyante au sein du groupe légendaire Queen a enfin le droit à son biopic. Et si Bohemian Rhapsody est réalisé avec une certaine classe et remet en lumière tout le génie du chanteur, il se révèle par contre trop lisse pour convaincre pleinement.

Bohemian Rhapsody, critique

Voilà un projet qui a connu un véritable development hell depuis 8 ans. Passé entre les mains de Sasha Baron Cohen qui voulait quelque chose de trash, de Dexter Fletcher (Eddie the Eagle) avec Ben Wishaw ou enfin de Bryan Singer finalement renvoyé en plein milieu de tournage (mais tout de même crédité alors que Fletcher est finalement revenu à la barre), empêtré dans des affaire scabreuses et une mésentente avec son comédien principal Rami Malek.

Mais tout de même, Bohemian Rhapsody finit par voir le jour et nous est maintenant offert. Et le pari est grand puisqu’il s’agit de réssuciter Freddie Mercry, son génie et son charisme, sur grand écran, de la naissance du groupe jusqu’au concert légendaire du Live Aid, soit 15 ans d’exploration musicale et d’errance personnelle pour le leader du groupe.

Evidemment la première question qui se pose, Rami Malek est-il à la hauteur pour interpéter le showman le plus queer et rock’n’roll d’angleterre ? Clairement oui. L’acteur de Mr Robot retranscrit bien les manières, la diction, mais surtout le body language sur scène du chanteur, tout autant que ses manies créatrices. Il n’y a pas à dire, il est bien investi et son énergie se ressent pendant tout le film. Sa sexualité et le Sida ne sont d’ailleurs pas du tout évacués du film et sont même traités avec une certaine délicatesse, sans jamais être vulgaire.

Bohemian Rhapsody, critique

Le souci se trouve d’un autre côté, car si les acteurs sont bien à leur place et ressemblent clairement à leurs modèles sans les singer, dès qu’il s’agit de musique, c’est plus délicat. Effet, jamais nous n’avons l’impressions qu’ils jouent vraiment. Voix en playback de Freddie Mercury, très peu de plans sur les doigts jouant de la guitare, … on a ici régulièrement l’impression que les acteurs ne savent pas jouer (en tout cas ce n’est pas montré), et c’est très frustrant pour un film où la musique est primordiale. Les notes de transpirent jamais à travers l’écran. Alors certes, entendre les titres les plus connus de Queen à fond fait toujours plaisir (et là on est bien servis), mais ça semble assez superficiel.

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Comment rendre Queen superficiel ?

Ca l’est d’autant plus que côté histoire, si les principaux aspects de la vie de Mercury sont abordés, on a par contre l’impression que tout se passe facilement pour le groupe. Un succès immédiat, pas de dispute sur le nom, ou des altercations réglées en 30 secondes pour concevoir des morceaux. C’est beaucoup trop simple pour un groupe de génies passionnés de musique et on sent bien que les survivants de Queen sont à la production et ne désirent pas écorner leur image et préfèrent justement glorifier un peu plus Mercury. Et au bout d’un moment, le cirage devient un peu trop voyant.

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Un cirage qui est accentué par des choix de réalisation qui sentent bien le changement de réalisateur et quelques reshoots. En effet, il y a parfois des séquences à la réalisation inspirée, des instants même poétiques ou qui rappellent l’ambiance un peu psyché des 70’s et surtout, un ensemble qui reste assez classe. Et à d’autres moments, on sent que quelque chose n’est pas terminé et reste un peu plat. Et c’est malheureusement le cas du concert final où l’on sent un peu trop la réalisation resserrée avec parfois des plans d’ampleur, d’autre fois des plans qui ont l’impression de se concentrer sur un plateau tv avec un fond vert et des milliers de figurants bien virtuels. Cela alterne donc le chaud et le froid.

Bohemian Rhapsody, critique

Au final ce Bohemian Rhapsody galvanisé par les titres des Queen et des acteurs qui ont envie de bien faire nous fait passer un moment fort agréable et nous donne clairement envie de réécouter le best of du groupe. Mais pour les puristes du groupe et de cinéma, l’ensemble se révèlera trop lisse pour convaincre.