[CRITIQUE] : La Tendre Indifférence du Monde

[CRITIQUE] : La Tendre Indifférence du Monde
Réalisateur : Adilkhan Yerzhanov
Acteurs :Dinara Baktybayeva, Kuandyk Dussenbaev, Teoman Khos,...
Distributeur : Arizona Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Kazakh, Français.
Durée : 1h39min.
Synopsis :

La belle Saltanat et son chevalier servant Kuandyk sont amis depuis l’enfance. Criblée de dettes, la famille de Saltanat l’envoie dans la grande ville où elle est promise à un riche mariage. Escortée par Kuandyk qui veille sur elle, Saltanat quitte son village pour l’inconnu. Les deux jeunes gens se trouvent entraînés malgré eux dans une suite d’événements cruels et tentent d’y résister de toutes les façons possibles.  

Critique :
Fable douloureuse articulée autour d'un amour Shakespearien, #LaTendreIndifférenceduMonde est un bijou de drame sublimé par une esthétique grandiose, tant Yerzhanov visualise son oeuvre non pas comme un simple film, mais bien comme une pluie de peintures couchées sur la pellicule pic.twitter.com/Dm4jK7wZgd— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 12 septembre 2018

Il y a des petites claques cinématographiques qui, parfois, se perdent dans des festivals pourtant faits pour les mettre en lumière, la faute - souvent - à une programmation souvent trop riche en bonnes péloches.
Ce qui fut le cas, justement, du merveilleux La Tendre Indifférence du Monde, sixième long-métrage d'Adilkhan Yerzhanov ayant timidement pointé le bout de son nez lors de la dernière Croisette (dans une section Un Certain Regard vampirisée par les exceptionnels Girl et Border), comme tout film venant d'une Asie du sud-est (ici le Kazakhstan) ayant sensiblement envie d'elle aussi, apporter sa (belle) pierre à l'édifice du septième art mondial.
L'histoire suit celle de la belle Saltanat (Dinara Baktybayeva, sublime) et de Kuandyk (Kuandyk Dussenbaev, touchant), amis depuis toujours et vivant dans la campagne kazakhe.
Criblée de dettes après la mort du patriarche, les proches de Saltanat l’envoie dans la grande ville où elle est promise à un riche mariage histoire de sauver la famille.
Escortée par Kuandyk qui veille sur elle, ils vont quitter leur village et vite être entraînés malgré eux dans une suite d’événements cruels...  

[CRITIQUE] : La Tendre Indifférence du Monde


Véritable fable dramatique et humaine articulée autour d'un amour impossible très Shakespearien - avec des héros follement romantiques -, et une opposition fascinante entre la beauté de l'art  (le rappel à l'art est constant, dès le titre d'ailleurs) et la corruption/violence qui gangrène un pays boursouflé par la pauvreté et le crime (ou encore le décalage puissant entre la beauté rugueuse de la campagne et la rudesse sauvage de la ville), La Tendre Indifférence du Monde, vraie bande opaque jamais écrasée par ses multiples références, est avant tout et surtout, une péloche à l'esthétique aussi grandiose qu'inattaquable, tant elle résulte d'un travail incroyablement minutieux autant du point de vue du cadre que de la lumière et des couleurs, comme si Yerzhanov (dont on ne connaît pas réellement le reste de son cinéma), visualisait tout son film non pas comme un long-métrage, mais bien comme une multitude de peintures couchées sur la pellicule.
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Alors tant pis s'il se perd parfois dans des sous-intrigues pas forcément utiles, légitimes ou même tout simplement maitrisées, et que l'esthétique léchée prend sensiblement le pas sur l'histoire (simpliste il est vrai) : l'important ici, c'est l'ivresse que peut apporter la beauté bouleversante d'une vraie expérience de cinéma sensorielle, à l'univers aussi riche et sublime que ses personnages sont furieusement attachants et empathiques.

Un bijou de poésie et de grâce tout autant qu'il est un vrai film d'artiste, tout simplement.
Jonathan Chevrier
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