L'armée des 12 singes

L'armée des 12 singesPris dans la nasse
Un synopsis hyper classique dans le domaine de la SF et de l’émancipation : un homme du futur revient dans le passé pour influer sur des événements tragiques susceptibles de condamner l’humanité. Peut-on changer le passé pour un futur meilleur ou alors le destin et la fatalité sont plus forts ? Que se passe-t-il lorsque que l’on croise ses ascendants voire soit même en plus jeune ? Toujours les mêmes sempiternelles éléments scénaristiques de tension. Mais les spectateurs entrent toujours facilement dans ces problématiques. L’originalité de ce film sur d’autres productions réside dans plusieurs choix. Le premier choix est de faire du personnage principal voyageant dans le temps un personnage super ambigu. Entraine-t-il les spectateurs dans son délire psychotique ou est-il réellement un homme du futur ? Pour preuve ; dès son premier voyage, il atterri dans un hôpital psychiatrique type « Vol au-dessus d’un nid de coucou » et a lui-même souvent des réactions désarçonnantes. Terry Gillian (ex Monty Python) avait déjà frappé fort avec un « 1984 » froid et clinique se nommant « Brazil ». Pour incarner la folie de l’individu ou l’absurdité et l’oppression du monde qui l’entoure, il use des mêmes procédés sur les deux films : visages déformés par des focales courtes, perspectives faussées, plongées et contre plongées… Secundo, Gillian joue des références cinématographiques da manière maline : « Vertigo » (la brune devenant blonde) et « La jetée ». Tertio, la remise en question des sociétés modernes à travers un futur cauchemardesque gouverné par les scientifiques fait froid dans le dos. Orchestrées par les scientifiques, nos sociétés se révèlent alors logiques et rationnelles mais inhumaines et cruelles. Et la fin terrible offre un nombre de sens de lecture incroyable. Si comme moi, on est convaincu que le héros n’est pas fou mais bien un voyageur du temps, la présence d’une scientifique au côté du criminel dans l’image finale laisse bouche bée. Gillian nous renvoie aussi par effet miroir une image peu glorieuse de nos sociétés contemporaines. Sociétés dans lesquelles les consciences et le libre arbitre sont annihilés par les psychotropes et la télé diffusant des images anesthésiantes. Baroque, échevelé et tortueux comme un film des Monty Python ; mais peu inventif et parfois agaçant comme une grosse production en manque d’inspiration scénaristique et voulant se faire aussi grosse que le bœuf. Un bon moment malgré tout.Sorti en 1996Ma note: 12/20