Le couperet

Le couperetEt pendant ce temps-là, la finance se goinfre
Dans les 70’s, Costa Gavras dénonçait les régimes autoritaires et privatifs de liberté. Dans les années 2000, son nouveau fléau à dénoncer se nomme l’ultra libéralisme et ses conséquences dévastatrices sur des individus broyés. Il montre combien en plaçant l’emploi salarié au centre de la vie sociale des individus ; le chômage crée plein de petits ravages individuels pendant que des financiers prononcent des délocalisations. Les salariés, même qualifiés comme Bruno dans le film, sont relégués au rang de dommage collatéral d’un système économique devenu fou. Et la folie est poussée à son paroxysme par Bruno, car plutôt que de se fédérer avec les autres salariés exclus par le système, il décide d’éliminer ceux qui peuvent être ses concurrents au retour à l’emploi. Le film n’est pas marxiste pour un sou. Ici pas d’Internationale de la classe ouvrière, les exclus se tirent dessus pendant que quelques financiers engrangent les bénéfices issus des gains de productivité arrachés aux productifs. Costa Gavras construit un film fluide et simple entre humour noir et thriller social. On est parfois proche de la farce à « l’italienne » et José Garcia est impressionnant pour incarner le rôle de ce cadre froid prenant des chemins de traverse pour sa réinsertion. L’homme étant un loup pour l’homme, le final, est jusqu’auboutiste et cinglant avec une nouvelle génération d’individu prêt à tout pour rester du côté des insiders. Après la mise en scène est parfois outrancière et l’humour trop prononcé et pas du meilleur effet ; mais le message est puissant et devrait faire réfléchir chacun de nous quant au monde que nous souhaitons pour demain.

Sorti en 2005
Ma note: 14/20