Le 15h17 pour Paris (2018) de Clint Eastwood

Depuis quelques temps déjà Clint Eastwood vire vers un patriotisme sans fard, et avec le temps il insiste avec un penchant pour la gloire du héros du quotidien, mais américain si possible... Du film "Le Maitre de Guerre" (1985) à (2016) en passant par "Space Cowboys" (2000) et "American Sniper" (2014) Eastwood ajoute un film à cette sous-catégorie dans sa filmo... Mais si "Le Maitre de Guerre" n'était pas dénué d'humour, et si "Sully" élargissait son spectre avec le contexte le réalisateur avait déjà viré à droite avec "American Sniper" et là, avec ce nouveau film Clint signe clairement son plus mauvais film à ce jour... A la base, le titre peut laisser croire que le cinéaste s'intéresse à l'attentat en question, à savoir l'attaque terroriste du Thalys le 21 août 2015 - (Tout savoir ICI).

Le 15h17 pour Paris (2018) de Clint Eastwood

Un sujet qui a intéressé Eastwood très tôt, et notamment à l'acte héroïque de 3 américains présents dans ce train qui ont permis l'arrestation du terroriste. Pour cela son film est adapté du livre "The 15h17 to Paris : the True Story of a Terrorist, a Train, and the Three American Heroes" co-écrit par les trois héros en question Anthony Sadler, Alek Skarlatos et Spencer Stone avec l'aide de l'auteur Jeffrey E. Stern. Eastwood à fond dans son projet a alors l'idée de faire jouer leurs propres rôles aux trois héros américains. Sur ce point, faut bien l'avouer, le pari fou est gagné tant les trois hommes semblent revivre plutôt sereinement l'expérience. Ajoutons que le couple Mark et Isabelle Moogalian joue égalemtent leur propre rôle mais avec une importance dans le film bien plus modeste. 01h35 pour raconter l'attentat semble bien suffisant mais finalement Eastwood ne s'y intéresse que de loin pour se focaliser sur l'incroyable destin (de son point de vue !) des trois hommes. C'est ainsi que le film se focalise sur l'enfance et la jeunesse des trois hommes sur 3/4 du film. Gros problème, l'enfance des jeunes gens est d'une banalité sidérale, la jeunesse reste survolée pour un seul objectif, poser les bases d'un piedestal encore plus imposant sous ces trois gaillards. Un piedestal à l'américaine avec foi religion et patriotisme exacerbés... Leur passé est si peu intéressant qu'un fini par s'ennuyer sévèrement à l'exception notable de quelques séquences de l'attentat lui-même parsemé par-ci par-là puisque le récit est avant tout un grand flash-back nostalgique et, soit disant, explicatif d'un destin hors norme qui ne pouvait qu'arriver à de bons américains comme il faut...

Le 15h17 pour Paris (2018) de Clint Eastwood

Le soucis, c'est qu'il y avait des centaines de personnes dans ce train, dont quelques autres qui ont tenté de réagir avant les trois héros "officiels" et que le cinéaste les occulte complètement. Comme le dit l'acteur Jean-Hugues Anglade présent dans le train : "... Cela ne sera jamais montré du point de vue d'un père de famille qui a pensé l'espace de quinze minutes qu'il allait mourir avec sa femme et ses deux garçons, coincés au fond d'un compartiment... (...) Mais si c'est pour exacerber le nationalisme américain, je suis beaucoup moins d'accord. Car avant d'être sauvés par les américains, d'autres hommes courageux sont intervenus, et peu importe qu'ils soient anglais, allemands, belges."... Sur le fond Eastwood ne sert rien d'autre qu'un film de propagande. Dans la forme il signe un joli film, bien cadré, bien monté pour 01h35 de vide et d'ennui d'abord, et 01h35 d'un film trumporisant à souhait. Mieux vaut revoir les films de Eastwood d'avant car depuis quelques temps, et avec l'âge aidant, Clint risque de décevoir de plus en plus...

fgs

15h17 pour Paris (2018) Clint Eastwood