Un grand merci à Memento Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Le Caire confidentiel » de Tarik Saleh.
« Ne dis pas que tu as reçu de l’argent. Sois honnête et reconnais que tu l’as volé »
Le Caire, janvier 2011, quelques jours avant le début de la révolution. Une jeune chanteuse est assassinée dans une chambre d’un des grands hôtels de la ville. Noureddine, inspecteur revêche chargé de l’enquête, réalise au fil de ses investigations que les coupables pourraient bien être liés à la garde rapprochée du président Moubarak.
« La dignité ne s’achète pas mon fils »
Suédois d’origine libanaise, Tarik Saleh fait son entrée sur la scène artistique suédoise à la fin des années 80 où, maniant l’art du graffiti, il devient rapidement l’une des figures reconnues du street art local. Collaborant ensuite comme directeur artistique à plusieurs revues spécialisées, il finit par s’intéresser progressivement au cinéma à partir du milieu des années 2000, qu’il aborde d’abord par le biais du documentaire (« Gitmo » sur la prison de Guantanamo) puis du film d’animation (« Metropia » en 2009). Pour « Le Caire confidentiel », son premier film de fiction en images réelles, il imagine un polar librement inspiré par l’affaire du meurtre de la chanteuse libanaise Suzanne Tamim, retrouvée assassinée dans son appartement à Dubaï en 2008. Initialement prévu au Caire, le tournage fut finalement interdit par les autorités égyptiennes trois jours avant les premières prises et dut finalement être relocalisé à Casablanca, au Maroc. Présenté dans de nombreux festivals à travers le monde, le film fut notamment récompensé du Grand prix du jury à Sundance ainsi que du Grand prix du jury du Festival international du film policier de Beaune.
« Vous êtes un idiot. Vous vous croyez en Suisse ? La justice n’existe pas ici ! »
Cela ne devait être a priori qu’une histoire ordinaire. L’assassinat d’une chanteuse dans une chambre de l’hôtel Sheraton. Sans doute une histoire de cœur qui aura mal tourné. Un simple fait divers de plus au cœur de la grande métropole égyptienne. Seulement voilà, au lieu de se contenter de bâcler l’enquête comme à son habitude et de mettre sa fonction à profit en se livrant à de petits trafics et autres rackets, l’Inspecteur Noureddine va se laisser happer par cette enquête criminelle, mettant ainsi le doigt dans un engrenage mortel. En effet, à travers cette histoire de meurtre a priori banale, le réalisateur Tarik Saleh dresse le passionnant portrait d’un pays en état de totale décadence, corrompu jusqu’à la moelle selon une organisation étatique particulièrement millimétrée. A l’image de ces agents de police plus prompts à réprimer et à détourner l’argent de leurs concitoyens qu’à mener des enquêtes sérieuses. Ou de ces affairistes/politiciens, proches du régime en place, intouchables parmi les intouchables et de fait libres de se livrer à toutes les exactions possibles. En creux, le cinéaste brosse également le portrait social de la société cairote, tiraillée entre le luxe de ces clubs privés ou l’alcool coule à flots et les bidonville dans lesquels s’entassent toute une immigration soudanaise aussi précaire que miséreuse, bénéficiant d’encore moins de droits que ne peuvent en avoir les égyptiens. Un terreau parfait qui annonce l’imminence de la révolution de 2011, qui viendra troubler l’enquête. Mais une pointe de cynisme, le cinéaste nous rappellera que ce genre d’évènements profite toujours aux plus malins. Quoi qu’il en soit il signe un polar haletant, âpre et vénéneux. Simplement passionnant.
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Le blu-ray : le film est proposé en version originale arabe (5.1) ainsi qu’en version française (5.1). Des sous-titres français sont également disponibles.
Aucun bonus ne vient compléter cette édition.
Edité par Memento Films, « Le Caire confidentiel » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 9 novembre 2017.
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