[CRITIQUE] – « La surface de réparation » – Christophe Régin

[CRITIQUE] – « La surface de réparation » – Christophe Régin

La Surface de Réparation fait parti de ces premiers films français sortant régulièrement depuis quelques mois : Intéressant, audacieux, hétérogène et imparfait, ce petit film sur les dessous du football touche par le parcours mené par cette gueule blessée jouée par Franck Gastambide.

Chaque semaine, les supporters se ruent aux stades pour acclamer les joueurs du F.C Nantes. Chaque semaine, ces mêmes joueurs s'entraînent comme des acharnés pour donner victoire à leur ville. Chaque semaine, les patrons du Club s'emmêlent les pinceaux quant aux décisions difficiles à prendre pour le bien de l'équipe, entre tactiques sportives et scandales de la presse people. Et chaque semaine, il y a Franck : Cet homme de l'ombre, anciennement joueur, qui rôde près de tout ceci. Il donne des tuyaux aux supporters pour mieux parier, raccompagne les joueurs chez eux après qu'ils aient déconnés en boîte, conseille les organisateurs de l'équipe. Il est le coeur même de l'équipe. Pourtant, Franck veut être sortir de l'ombre et être à la lumière de l'équipe. Ce qui ne sera pas chose facile tant ce cercle a besoin constamment de lui.

La Surface de Réparation ne va rien vous apprendre sur les dessous du Football. Sex-tape, drogues et crises d'égo, rien de réellement surprenant à l'horizon. Toutefois, Christophe Régier a l'intelligence de ne pas se prétendre comme révélateur de tels phénomènes, non. Ce qui l'intéresse, c'est de se servir de ce cadre instauré dans un cadre très documenté (on voit que le réalisateur connaît bien ce milieu) pour raconter une vie : Celle de Franck, cet outsider fragile dont la bonhomie de Franck Gastambide permet de nous y attacher aussitôt malgré ses failles. Les personnages gravitant autour de lui, chacun représentant un point précis de ce milieu, l'empêcheront perpétuellement d'avancer pleinement. Tout comme Franck au fil de ses mésaventures, le film trouble dans la zone grise des événements et des personnages. Difficile par exemple de voir ce père substitue à notre héros, joué par Hippolyte Girardot, comme concrètement une figure protectrice ou bien manipulatrice. Une figure qui, en tout cas, possède le héros jusqu'à un final doux-amer où il nous est difficile de savoir si nous devons être heureux ou triste pour Franck, dans un état rappelant plus ou moins celui de Miles Teller à la fin de Whiplash, autre film sur la compétition et le combat personnel.

Vu que le spectateur est arbitre de ce qu'il voit sur le terrain de l'écran, il pourrait y donner quelques cartons jaunes. Le film aurait gagné à être plus court en y coupant quelques scènes gratuites, notamment. Mais pour un premier long-métrage, le coup d'envoi est joliment envoyé pour Christian Régier avec ce film poignant.

Victor Van De Kadsye