[Critique] « Bright », un buddy-movie fantaisiste raté.

[Critique] « Bright », un buddy-movie fantaisiste raté.

Circulez, y'a rien à voir ! Nouveau film du duo David Ayer/Will Smith (et Max Landis au scénario), Bright s'annonçait comme le gage d'essai de Netflix dans l'industrie du Blockbuster. Eux qui ont su détonner avec les films de Noah Baumbach et Bong Joon-ho cette année, ont fait retomber leur soufflé avec ce cette grosse production générique au possible.

Depuis que les créatures magiques cohabitent avec les êtres humains sur Terre, une tension de plus en plus violente s'instaure entre eux. Les humains rejettent les Orcs, ceux-ci vivant dans des quartiers défavorisés et victimes de la violence policière, tandis que les Elfes vivent reclus dans une société bourgeoise. Au sein de la Police de Los Angeles, un humain va devoir faire équipe avec le premier Orc policier afin de sauver la Planète d'une menace mystérieuse.

En lisant ce synopsis, on se dit que ce n'est juste qu'un buddy-movie dans tout son prototype mêlé avec de l'héroïc-fantasy. C'est effectivement le cas. Le principal problème de Bright est que son scénario est en pilotage automatique vers les clichés de ce sous-genre du film policier et que le fantastique sert de cache-misère à la légèreté de son scénario. Les deux équipiers ne s'apprécient pas au départ pour devenir de bons amis ensuite, l'un va devoir trahir l'autre pour tenter de sauver sa peau (mais il ne va rien se passer au final) et les deux vont être confrontés à de multiples péripéties aux dangers plus grandes que leur querelle. Le scénario de Landis ne se fatigue même pas à tenter de détourner le genre, il se contente juste de lui insuffler une touche de fantaisie pour n'y voir que du feu. Sauf que le spectateur n'est pas dupe et risque très probablement de ne pas être surpris par cette intrigue peu subtile.

Tellement peu subtil que le film enchaîne parfois les parallèles douteux quant à de récents événements tragiques aux Etats-Unis. Voir Will Smith hurler Fairy lives don't matter impressionne en terme de mauvais goût. Une absence de subtilité habituelle dans le cinéma d'Ayer, qui n'a jamais brillé par son intelligence mais qui a su se faire une place dans l'action bourrin. Et il y a rien de mal à la grossièreté au cinéma, demandez à Aronofsky ou Bay cette année ! Mais le problème chez Ayer est que son film se prend tellement au sérieux qu'en plus de l'absence de surprise par la reprise des codes du genre, on n'y prend aucun plaisir pour un film qui aurait pu être beaucoup plus léger dans son ambiance et éventuellement, plus appréciable.

Que donc penser de Bright au final ? Que c'est sans aucun doute un pétard mouillé de la part de la firme de streaming. Si ellea réussi le pari de signer un blockbuster aussi générique de ce qui peut sortir au cinéma, c'est réussi mais il est dommage de voir un tel potentiel gâché par tant de paresse scénaristique.

Victor Van De Kadsye