Les prairies de l'honneur

Un grand merci à ESC Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Les prairies de l’honneur » de Andrew V. McLaglen.

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« S’ils ne se battent pas sur nos terres alors cette guerre ne nous concerne en rien »

Charlie Anderson, fermier de son état à Shenandoah, en Virginie, se retrouve impliqué dans la guerre civile. Il refuse de soutenir les Confédérés, car il s'oppose fermement à l'esclavage, mais ne soutient pas non plus l'Union car il est profondément contre la guerre. Lorsque son fils est fait prisonnier, Charlie part immédiatement à sa recherche. Il va rapidement être confronté aux horreurs de la guerre et va devoir choisir son camp.

« Donnez-moi une seule bonne raison d’envoyer mes fils au champ de bataille se faire tuer pour une guerre qui n’est pas la leur »

Shenandoah_Stewart

Fils du comédien Victor McLaglen, célèbre second rôle hollywoodien des années 20 à 50 et habitué des films de John Ford (« Le mouchard », « La charge héroïque », « L’homme tranquille »...), Andrew V. McLaglen passe son enfance sur les plateaux de cinéma, sous le regard bienveillant des amis de son père que sont John Wayne, John Ford, Maureen O’Hara ou Henry Hathaway. C’est ainsi tout naturellement qu’il se dirige à l’âge adulte vers les métiers du cinéma, apprenant le métier auprès des plus grands cinéastes du moment. Il sera ainsi l’assistant de Budd Boetticher, William Wellman et John Ford pendant près de dix ans. En quête d’émancipation professionnelle, il fera ses armes à la télévision quelques années durant, notamment sur les séries « Perry Mason » et « Rawhide », avant de revenir au cinéma, cette fois comme réalisateur en titre, au début des années 60. Sur grand écran, il se spécialisera d’abord dans le western avant de glisser en fin de carrière vers le film de guerre. En 1965, deux ans après le succès populaire inattendu de la comédie westernienne « Le grand McLintock ! », il signe un western beaucoup plus sombre avec « Les prairies de l’honneur ». Nommé pour un Oscar (Meilleur son), le film donnera lieu à une comédie musicale à succès à Broadway dix ans plus tard.

« Si un jour un homme brandit un fusil et tue l’un de tes fils je veux que tu te souviennes de moi »

Shenandoah

Plus qu’un western, « Les prairies de l’honneur » est avant tout un drame historique, centré sur une famille de fermiers virginiens prise dans les tourments de la grand Histoire et plus précisément dans les aléas de la Guerre de Sécession. L’originalité du film résidant dans ce personnage de patriarche qui refuse catégoriquement de devoir prendre fait et cause pour un camp et de participer de quelque manière que ce soit au conflit qui se joue à ses portes. Une position de plus en plus intenable à mesure que les combats de rapprochent de sa ferme et qui donnent le sentiment que le héros est au mieux un vieil individualiste ou au pire un cynique opportuniste. Jusqu’à ce que son plus jeune fils ne soit fait prisonnier par erreur par les Yankees, forçant le clan Anderson à sortir de sa neutralité. La tonalité bon enfant qui prévalait jusque là (le retard à la messe, la bagarre généralisée contre des représentants de l’État venus réquisitionner hommes et chevaux) bascule alors sans transition vers quelque chose de de plus âpre et de résolument plus dramatique à mesure que les personnages se retrouveront confrontés aux horreurs de la guerre. Un déferlement de violence et de cruauté dont aucun personnage ne ressortira pleinement indemne. Et ce même si au milieu de l’horreur, McLaglen veut croire qu’il reste encore quelques hommes valables et animés d’un peu d’humanité (à l’image notamment d’un chef de camp nordiste compréhensif, ou d'une vieille amitié entre un blanc et un noir). De façon assez subtile, le film prend alors des allures de fable pacifiste rappelant combien la guerre est un fléau stupide qui n’engendre que haine, destruction et désolation. Une maladie qui transforme les hommes en bêtes sauvages assoiffées de sang. A ce titre, le cinéaste a ici l’intelligence d’aborder son récit avec une hauteur de vue salutaire, qui lui permet de dénoncer aussi bien les crimes des nordistes (la déportation inhumaine des prisonniers dans des wagons à bestiaux) que des confédérés (qui maintiennent l’esclavage et se livrent à des pillages systématiques sous couvert de la loi). Contre toute attente, « Les praires de l’honneur » se révèle être beaucoup plus fin qu’il n’y parait, prenant la forme d’un vibrant plaidoyer pacifique d’autant plus surprenant que l’Amérique est alors engluée dans une terrible guerre au Vietnam et que son acteur principal, James Stewart, est connu pour être un militaire réserviste très engagé. Sans doute l’un des meilleurs films d’Andrew V. McLaglen.

Shenandoah_Kennedy

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Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau Master haute-définition, en version originale américaine (1.0) ainsi qu’en version française (1.0). Des sous-titres français sont également proposés.

Côté bonus, le film est accompagné de « Une ombre sur le western » présentation du film par Mathieu Macheret, critique cinéma pour Le Monde (28 min.) et de « Module sur la restauration du film » (4 min.).

Edité par ESC Editions, « Les prairies de l’honneur » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 29 août 2017.

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