« Blade Runner 2049 », contemplation des vestiges du passé.

« Blade Runner 2049 », contemplation des vestiges du passé.

2017, 35 ans après la (véritable) révolution de la science-fiction signée Ridley Scott, c'est au tour de Denis Villeneuve de reprendre le flambeau de la mythologie Blade Runner. Ni une pure suite en bonne et dû forme, ni un Replicant du premier opus, Blade Runner 2049 est une oeuvre à part. Une oeuvre dense, à mi-chemin entre ce qu'a entrepris Scott et les thèmes de prédilections de Villeneuve.

Trente années sont passés après les événements du premier volet et tout semble avoir plus ou moins changé. La société est saturée d'une sur-consommation et de relations virtuelles (histoire d'amour en réalité virtuelle rappelant Her) ; les Blade Runners chassent toujours les anciens modèles Replicants, les nouveaux obéissants sans contestations aux ordres de la police.

De ce postulat de départ, Blade Runner 2049 commencerait presque comme une réplique de son prédécesseur. On suit un agent (joué par le toujours aussi bouleversant Ryan Gosling) enquêtant sur un meurtre capitale prêt à déboucher sur une révolution, scénario semblable à la traque mené par Harrison Ford auparavant. Néanmoins, le film déjoue constamment nos attentes de spectateurs et pas seulement dans le cadre de rebondissements scénaristiques (naturellement présents, tout de même). Car l'ambition esthétique du film n'a d'égale que celle imposée par ce qu'il raconte. En 2049, les technologies ont évolués pour le meilleur et pour le pire, chacun cherchant sa propre identité et c'est là que ce nouveau film Blade Runner tire son épingle du jeu.

D'une noirceur absolue, Villeneuve dirige son film vers une quête auto-reflexive sur la question d'identité. Un nouveau modèle se plonge dans les vestiges des souvenirs d'un passé longtemps éloigné, entre trouble et attente, ramenant à notre condition de spectateurs passionnés du premier film de Scott sans pour autant être récompensés par les réponses à nos attentes. Le film frustrera même, dans le sens noble du terme, afin de construire sa propre autonomie vers quelque chose de plus dense. Une oeuvre où nous contemplons les ruines de ce qui fût autrefois un véritable eldorado de la démesure futuriste.

Sans jamais renier son prédécesseur, Blade Runner 2049 est avant tout un pur film de Denis Villeneuve où l'on retrouve les traits, parfaitement jumelé à la noirceur initialement instauré : Une violence sèche et abrupte où le moindre coup de feu sonne comme une véritable détonation (et cela dès la scène d'ouverture avec Dave Baptista), une quête fragile de soi entre détermination et soumission à la nature barbare et à la hiérarchie (condition du personnage de Gosling) et une véritable plongée mentale au fin fond de notre psyché rappelant Enemy ou Premier Contact (auquel l'ultime plan de Blade Runner 2049 fait immédiatement penser, au passage).

Blade Runner 2049 est une oeuvre-phare du blockbuster contemporain. Elle a sa propre autonomie en temps que film à part ayant sa pure identité mais complète inévitablement une majestueuse histoire de science-fiction inspirant les plus nerds des fans depuis 1982. Un film que ne nous donne pas envie de vivre en 2049 à travers sa noirceur pluvieuse mais qui, paradoxalement, un voyage inoubliable qu'on a immédiatement envie de revoir. Un grand blockbuster qui risque de faire date en ce 04 Octobre 2017.

Victor Van De Kadsye