Petit paysan

Petit paysanThriller rural
Pierre est agriculteur dans la production de lait ; trente vaches à s’occuper, il vit, respire, mange, dort vache. La première scène onirique et déconcertante pose le cadre, mais permet aussi au jeune réalisateur d’afficher sa volonté de ne pas faire du docu fiction. Son scénario très fourni est aussi un matériau solide pour ne pas sombrer dans le documentaire ; car une fois le cadre posé, très vite un ersatz de maladie de Creuzfeld Jacob commence à toucher des exploitations françaises. Après nous avoir montré le lourd poids du quotidien du métier d’éleveur, Hubert Charuel bascule dans une sorte de thriller rural. Pierre va passer par le mensonge, le déni pour simplement sauver ce qui lui est le plus cher, ses bêtes. Hubert Charuel connait très bien le sujet et on en apprend aussi beaucoup sur ce métier et sur la sécurité alimentaire ; mais il garde le cap, la tension grandissante autour d’une trame fictionnelle bien montée. Pour cause qu’il connait le monde agricole, tout fraichement sorti de la Femis, il va tourner son premier long dans la ferme de ses parents, profitant de ses souvenirs de jeunesse autour de la maladie la vache folle. Et le réalisme qui en découle est aussi fort que dans « Béliers » (Prix un certain regard à Cannes 2015) où que « Hippocrate », mais contrairement à ce dernier il tient encore mieux son récit pour le mettre au profit de son thriller de plus en plus tendu. Une belle réussite hyper prometteuse pour un metteur en scène à suivre. Et les festivals ne s’y sont pas trompés avec trois prix à Angoulème pour celui de la francophonie et une diffusion dans le cadre de la semaine de la critique à Cannes. Et cette réussite s’appuie sur un casting impeccable : Swann Arlaud a l’air d’être aussi du sérail rural, Sarah Giraudeau criante de vérité et Bouli Lanners flippant en paysan converti en Geek.
Un film sur un homme dévoré par sa passion pour un film brut mais émouvant. Une belle découverte.Sorti en 2017Ma note: 17/20