Good Time (2017) de Ben et Joshua Safdie

4ème long métrage pour les frères Safdie, ou presque puisque Joshua a signé seul "The Pleasure of Being Robbed" (2009) avant de connaitre une reconnaissance en écumant les festivals avec son frère Ben avec les films "Lenny and the Kids" (2010) et "Mad Love in New-York" (2016). Joshua co-scénarise (avec leur ami Ronald Bronstein) tandis que Ben joue l'acteur... Les frères continue à creuser leurs thèmes de prédilection (les marginaux plus ou moins en difficultés) mais cette fois dans le genre du thriller. Les Safdie et Ronald Bronstein se sont inspirés des faits divers qu'ils ont pu lire dans le New-York Daily News en s'intéressant particulièrement aux loosers, aux petits délinquants se prenant pour des caïds.

Good Time (2017) de Ben et Joshua Safdie

C'est ainsi qu'on suit deux frères, Connie et Nick, qui se lancent dans un braquage, le premier tentant de faire croire à Nick qu'il n'est pas handicapé mental mais Nick se fait arrêter et Connie va tenter de faire sortir son frère de prison... Dans le rôle principal, on trouve la star Robert Pattinson qui se construit une jolie carrière dans le cinéma indépendant à l'instar de son ex-partenaire de la saga "Twilight" (2008-2012) Kristen Stewart. C'est Pattinson qui aj oint les frères Safdie après avoir découvert le film "Mad Love in New-York". Son frère Nick est joué justement par Ben Safdie. A leurs côtés il y a aussi Jennifer Jason Leigh dans un second rôle. D'abord le premier gros soucis du film reste le personnage de Connie. Indépendamment de la performance réellement habitée de Pattinson, son personnage est un salopard, stupide et égoïste que rien ne peut excuser. Nick est trop peu à l'écran et dans un rôle secondaire qui ne montre que très peu la connivence entre les deux frères. Son frère handicapé et bien traité dans un centre adapté, Connie lui ne trouve rien de mieux que de l'enlever pour un braquage tout en le lâchant pour sauver son cul, avant de s'empêtrer comme le crétin qu'il est pour tenter de sauver son frère emprisonné. Bref, Pattinson ne peut rien faire pour attirer un temps soit peu d'empathie, c'est un con fini. Difficile donc ensuite de s'attacher aux personnages et donc d'avoir un minimum d'émotion tant on sait comment ça va finir et qu'ils le méritent tous et donc, surtout, Connie... Ensuite le scénario laisse passer quelques moments invraisemblables comme le fait qu'un ambulancier prenne en charge un patient qui parait bien mal en point sans se poser de question, ou que des flics ne s'interrogent pas plus que ça sur un blessé dans un lieu en vidéo-surveillance.

Good Time (2017) de Ben et Joshua Safdie

Enfin, les Safdie serait fan de la musique du chef d'oeuvre "Heat" (1995) de Michael Mann et aurait voulu s'en influencé pour leur film. Résultat, un tintamarre sans aucune finesse. Du boucan pas si mal, mais dont le niveau élevé appuie beaucoup trop chaque scène, une musique qui ne sait jamais s'effacé et se faire discrète. Entre le personnage de Connie, 100% antipathique, et les incohérences ce film reste une belle déception. Et pourtant, les Safdie signent un thriller noir et pessimiste qui ne manque pas de qualités. La mise en scène est nerveuse et viscérale, un Pattinson en grande forme mais, Connie est un tel looser dans un film si sérieux qu'il nous fait pitié (dans le mauvais sens du terme). Un film à fort potentiel mais inabouti, le paramètre du frère handicapé était sans doute de trop. En effet, le lien fraternel n'est pas assez approfondi et face à l'handicap de son frère le personnage principal se retrouve trop en position de salaud de service. A vouloir rajouter de la dramaturgie quand on est déjà en plein dedans ça crée forcément des décalages pas toujours judicieux. Un thriller de la loose sur un fond social trop effleuré qui méritait mieux. Dommage.

Note :

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