Les oubliés

Un grand merci à ESC Editions ainsi qu’à l’agence MIAM pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Les oubliés » de Martin Zandvliet.

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« Ton avenir n’est qu’une putain d’illusion »

1945. Danemark.

Fin de la Seconde Guerre Mondiale. Plusieurs soldats allemands, à peine sortis de l’adolescence, sont faits prisonniers par l’armée danoise et envoyés en première ligne pour désamorcer les mines enfouies le long de la côte.

Pour eux, la guerre est loin d’être terminée. Inspiré de faits réels, Les Oubliés raconte cet épisode tragique de l’Histoire.

« Quand on a l’âge de se battre, on peut faire le ménage sur nos plages »

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Monteur de formation, le danois Martin Zandvliet commence à exercer au sein des productions cinématographiques de son pays à partir de la fin des années 90. Mais très vite, il souhaite s’essayer à l’écriture et à la réalisation. Il fait ainsi ses débuts de réalisateur dès 2002 avec le documentaire « Angels of Brooklyn ». Enchainant ensuite quelques courts-métrages en parallèle à ses activités de monteur, il revient à la réalisation en 2009 avec « Applause », son premier long-métrage de fiction, et enchainera avec « A funny man » (2011) et « Teddy bear » (2012). Bien que présentés dans de nombreux festivals internationaux (Sundance, Zurich, Hamptons, Toronto…), ses films auront néanmoins du mal à franchir les frontières de son Danemark natal. Il faut attendre 2015 et le drame historique « Les oubliés », sélectionné pour représenter le Danemark dans la course à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, pour qu’il accède à une reconnaissance internationale.

« Ne t’attache pas à eux. Rappelle-toi ce qu’ils ont fait. A eux de subir maintenant. »

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« Les oubliés » revient sur un épisode méconnu de la Seconde Guerre Mondiale – ou plus précisément des semaines qui ont suivi la capitulation du Reich – durant lequel le Danemark tout juste libéré se servira des prisonniers de guerre allemands pour effectuer le déminage de ses côtes, qui avec plus de deux millions de mines posées par les allemands comptèrent parmi les plus piégées d’Europe. Une mission de titan et surtout des plus dangereuses qui coûtera la vie à près de la moitié des 2000 prisonniers affectés à cet immense chantier. Refusant tout sensationnalisme, le réalisateur opte ici pour une approche psychologique de son sujet, filmant la peur, l’épuisement et le stress de cette escouade de prisonniers allemands encore adolescents et condamnés à mener cette mission suicidaire pour tenter d’expier les crimes commis par leur pays. Coincés seuls face à l’immensité des plages et de l’océan, ils devront vivre sous les ordres d’un officier danois revanchard et particulièrement sadique et brutal, ainsi qu’avec la mort qui rôde de façon omniprésente. Mais peu à peu, le drame historique se mue en fable humaniste, le cinéaste cherchant à dénoncer tous les crimes de guerre quels qu’ils soient. Il soulève ainsi un questionnement d’ordre moral en se demandant si une démocratie, sous couvert de revanche, peut se livrer aux mêmes types de crimes, de tortures et d’humiliations que le totalitarisme qu’elle se targue d’avoir vaincu. Un questionnement philosophique d’autant plus pertinent que d’autres moyens techniques moins risqués existaient déjà pour mener des opérations de déminage de grande envergure. Reste que cette fable humaniste – aussi louable soit-elle – a quelque chose d’intrinsèquement dérangeant. Le malaise venant de la présentation quelque peu biaisée des deux camps. Car en choisissant de filmer leurs souffrances tout en taisant les crimes commis par le Reich (justifiant leur présence ici), le film tend à faire des prisonniers allemands des victimes innocentes à la merci de danois sans pitié. Vision qui demeure - quoi qu’on en pense - un peu réductrice et assez injuste. « Les oubliés » aura le mérite de poser les bonnes questions et de porter un regard lucide et peu policé sur cette grande tragédie de l’Histoire. Pétri de bonnes intentions - bien que parfois empruntes de naïveté - il nous rappelle que derrière l’inhumanité des guerres, il n’y a ni vainqueurs ni vaincus, mais seulement des victimes.  

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Le DVD : Le film est présenté en version originale danoise et allemande (5.1) ainsi qu’en version française (5.1). Des sous-titres français sont également proposés.

Côté bonus, le film est accompagné d’une Interview de Martin Zandviet (réalisateur, 9 min.), d’une interview de Joel Basman (acteur, 7 min.), d’une interview de Louis Hoffman (acteur, 7 min.), d’une interview de Roland Møller (acteur, 8 min.), d’une interview des producteurs (22 min.), de « ESC avec les Démineurs de l’Armée Française » par Linda Tahir (26 min.) et d’une bande-annonce.

Edité par ESC Editions, « Les oubliés » est disponible en DVD ainsi qu’en combo steelbook blu-ray + DVD depuis le 29 août 2017.

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