Le temps d'aimer et le temps de mourir

Le temps d'aimer et le temps de mourirLa guerre c'est sale... mais colorée
Séance de rattrapage avec le film qui est considéré comme la référence du mélodrame… flamboyant. Flamboyant oui, mais subtile, car jamais forcé et ni démonstratif ; équation difficile à réaliser dans un genre cinématographique nécessitant une certaine légèreté. Commençons par le thème du film témoin d’un grand courage de l’auteur. On est en 1958, et Douglas Sirk adapte un roman dans lequel le personnage principal est un soldat allemand de la seconde guerre mondiale sur le front russe qui revient à la vie civile le temps court d’une permission. Les procès des officiers nazis vont avoir lieu, la cicatrice est encore fraiche et montrer un officier allemand érigé en victime d’une idéologie absurde et criminelle tout autant que le peuple allemand et les soldats d’en face est une gageure… et le mélodrame est peut être un genre cinématographique qui le permet en 1958. Pour être le plus juste, sans faire un plaidoyer politique, Sirk détaille à travers plusieurs personnages les différents niveaux de responsabilité au sein du peuple allemand. Visionnaire, la scène où Graeber (le soldat allemand) rencontre un ex copain de classe devenu dignitaire nazi et lui pose la question de la responsabilité individuelle et peut être la nécessité de désobéir. Des questions qui seront posées lors des procès des nazis. Sirk aussi montre son attachement à la culture allemande riche, lui-même allemand, et sa désolation de voir cette culture mise à mal par le régime totalitaire.Malgré ce courage et cette intelligence affichés par Sirk, j’ai eu du mal à adhérer au grand écart entre discours politique et film commercial propret hollywoodien : cinémascope, technicolor, musique grandiloquente,… Et puis à vouloir diluer les responsabilités individuelles dans la responsabilité collective, il regarde les personnages les plus abjects avec un œil bienveillant. L’exemple le plus flagrant est le fils de laitier copain d’enfance de Graeber qui est montré comme un rustre sans malice à qui le régime à donner l’occasion de s’élever socialement… dangereux mais pas méchant. Le seul nazi que l’on nous montre est un irresponsable… c’est limite.
Un film courageux… mais le mélodrame commercial consensuel, trop peu pour moi.Sorti en 1958Ma note: 12/20