Nerve – Too many friends

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Réalisation:  Henry Joost et Ariel Schulman

Casting: Emma Roberts, Dave Franco, Juliette Lewis, Emily Meade, Miles Heizer…

Genre: Thriller

Durée: 96 minutes

Date de sortie:  24 août 2016

Nationalité: Américaine

Production: Anthony Katagas et Allison Shearmur

SYNOPSIS:

Nerve est un jeu en ligne sur smartphone qui propose deux options : être « voyeur » (on paie pour voir les gens jouer) ou « joueur ». Les joueurs doivent réaliser des défis, de plus en plus dangereux. Vee, une adolescente timide et effacée, est poussée par ses amis à jouer au jeu pour prendre plus de risques dans sa vie.
Son premier défi, un simple baiser, va lui faire rencontrer Ian, un autre joueur. Suite aux multiples demandes de voyeurs, les deux jeunes vont devoir faire équipe pour réaliser leurs défis suivants.

CRITIQUE/AVIS:

Dès l’annonce de sa sortie cinéma Nerve aura piqué mon intérêt par son concept original, une esthétique très marquée et un casting de jeunes beaux qui à mes yeux ont encore tout à prouver. Capter l’essence même de la génération numérique semble être l’un des objectifs majeurs du cinéma contemporain, et la grande majorité des productions échouent lamentablement dans cette entreprise. Nerve évite la plupart des écueils du genre en plaçant l’action dans un futur très proche, pouvant ainsi se permettre quelques fantaisies. Le début du film est symptomatique de cette réussite puisque il nous apprend tout ce que l’on doit savoir (ou croit savoir ?) de l’héroïne par le truchement de ses interactions numériques : page Facebook, playlists Spotify, conversation Skype, achats sur Internet – le portrait est brossé et nous sommes dès le début mit en position de « voyeur » – entité anonyme et protégée derrière notre écran.
Un sentiment qui poursuivra le spectateur tout au long du métrage puisque ce dernier s’applique à utiliser des plans très intrusifs donnant l’impression que la caméra fait parti de la diégèse de l’œuvre et existe bel et bien dans l’univers de fiction. La précision de l’ensemble, la beauté des compositions et les couleurs néons assoient cette sensation d’étrangeté – un monde numérique et numérisé parfois plus proche des décors de TRON que de notre réalité.
N_D12_3028-2.CR2Le film d’Henry Joost et Ariel Schulman dit beaucoup sur notre société en gestation et ses dérives, sans toutefois se montrer trop malveillant à l’égard de la jeunesse. Le scénario accable surtout ceux qui essayent de la contrôler – qui sont les esprits malades derrière le jeu Nerve ? Adolescents en dérives, riches hommes d’affaires en mal de sensations fortes ? La question reste ouverte.
Ces jeux du cirque moderne transforment n’importe qui en gladiateurs et imposent des règles qu’il ne faut pas enfreindre, sous peine de tout perdre. Les créateurs de l’application surfent habilement sur le besoin de reconnaissance moderne, la course aux followers et l’appât du gain.

Un autre aspect intéressant du métrage est ce « couple fictif » des joueurs Emma Roberts et Dave Franco (qui font deux prestations très convaincantes au passage) créé par la communauté de voyeurs. En rapprochant ses deux personnes qui n’ont en principe rien en commun ils libèrent des rôles sociétaux mais conditionnent tout autant à leur manière, annihilant une fois encore tout libre arbitre.

NERVE

Analyse du passéisme à l’échelle d’une population et critique affable d’une génération qui ne réalise plus ses excès, Nerve se permet même d’élaborer un discours inattendu sur le harcèlement en ligne. Les scénaristes semblent avoir tout compris du monde actuel et de son hyper-connectivité qui annihile le privé et défraîchie les cerveaux. Malgré une morale facile (mais nécessaire) et quelques raccourcis simplistes, c’est une véritable réussite.

[Cet article a été réalisé dans le cadre d’un challenge avec nos collègues bloggeurs de chez CritiKs MoviZ afin de produire des critiques en simultanée sur le même film. Je vous invite donc à lire la critique d’Olivier sur le site « critiksmoviz.com » – Critique Nerve]