ALEX HUGO (Critique Episode Soleil Noir) Des Montagnes et des Hommes

SYNOPSIS: À Lusagne, au cours d'une excursion, une fillette disparaît dans la montagne. La monitrice de colonie de vacances partie à sa recherche est retrouvée morte. Son corps porte des traces de coups violents. Justine, la gamine, n'est pas la première venue : c'est la filleule d'Angelo. Il l'aime comme sa propre fille. Autant dire que notre flic rural d'ordinaire plutôt débonnaire n'est pas à la fête. Les recherches s'organisent....

A l'ombre d'un Soleil Noir, cette saison 2 se profile sous les meilleurs auspices, avec un premier épisode ultra maîtrisé, traversé d'un éclair de folie. Une intrigue en puzzle qu'il est malaisé de reconstituer, et qui laisse un large spectre d'interprétations possibles des événements. Un suspect atypique, figure centrale du récit car élément clé de l'énigme, qui permet une mise en scène bien différente des enquêtes un brin ronflantes de la saison 1, avec quelques fulgurances photographiques splendides.

Nos impressions étaient globalement bonnes, quant aux premières armes d' Alex Hugo mais avaient suscitées des bémols aussi. Et c'est assez amusant et satisfaisant de constater que le tout s'est bonifié comme du bon vin, que les défauts se sont comme gommés d'eux-mêmes (chapeau aux scénaristes qui ont quand même bien bossé). C'est un peu comme si, cette fois, le programme faisait vraiment corps avec son décor, son pitch, tout... sans plus avoir de réserve à être le cousin bouseux de tous ces grands flics citadins. La mise en scène, à cet égard, est bien plus fluide, plus agréable, plus lisible, en même temps que le rythme s'est ajusté, haletant dans Soleil noir. On y retrouve la rugosité organique des éléments, et la rudesse des rapports humains.

La série semble aussi bénéficier de davantage de moyens. Et, alors que le cadre se remplit, ironiquement il se rétrécit aussi. Les grands espaces se font presque étriqués, d'un coup. Vaste souricière prompte à déceler maintes tragédies, à garder maints secrets sous sa coupe. Voilà les hommes pris à son piège, mirage de liberté qui les aliène pour toujours à ces montagnes antédiluviennes. Un terrain d'investigation parfait pour La Tendresse, ce solitaire un brin mutique si intuitif qui ne se sent lui-même qu'à l'écart des autres. En l'occurrence, le lonesome cow-boy fait vraiment cavalier seul. Armé de sa seule confiance, Alex Hugo décrypte, écoute, attentif aux murmures discrets et simples qui se heurtent à la furie humaine. Un épisode sous haute tension, âpre, viscéral, interprété au cordeau avec, et c'est formidable, une large place laissé aux seconds couteaux, pour une mise en scène au millimètre. Ni la montagne, ni Alex Hugo n'ont encore livré tous leurs secrets. Et c'est un régal de continuer à les découvrir dans une seconde saison qui s'annonce bien meilleure que la précédente. Un gage de maturité.