Sunrise (Arunoday)

Sunrise


Réalisé par Partho Sen-Gupta


Avec Adil Hussain, Tannishtha Chatterjee, Ashalata Wabgaonkar,

Gulnaaz Ansari, Komal Gupta, Esha Amlani, Chinmay Kambli

Titre original Arunoday


Production Indienne et Française

Date de sortie 2 mars 2016

Synopsis

Dans la vaste mégalopole de Mumbai, l'inspecteur Joshi (Adil Hussain) recherche désespérément sa fille de six ans, Aruna, qui, un jour, n'est pas rentrée à la maison après l'école.

La journée, Joshi est un maillon essentiel des apathiques forces de police ; la nuit, il erre dans les bars dansants clandestins, à la recherche de sa fille. Une silhouette sombre apparaît partout où va Joshi, mais malgré ses nombreuses tentatives pour l'attraper, elle reste inaccessible. Tard dans la nuit, Joshi retourne à son petit appartement pour faire face à sa femme brisée.

Naina (Esha Amlani), une petite fille de six ans, est emmenée par des trafiquants dans une maison close et est confiée à Komal (Gulnaaz Ansari), une prostituée adolescente. La petite fille voit les autres enfants être envoyés vers des "clients".

Joshi et les autres policiers mènent une rafle dans la maison close, mais les maquereaux cachent les enfants dans un faux plafond. Joshi sent la présence de la silhouette sombre. On amène à Joshi un jeune homme de 16 ans, Babu (Chinmay Kambli), qui a été sévèrement battu. Joshi ne peut obtenir aucune réponse de sa part. Il décide d'enquêter sur la famille de Babu, mais rien ne ressort de l'enquête.

Il sent encore la présence de la silhouette.

Avant que le jour ne se lève, Joshi doit attraper cette silhouette fuyante qui détruit la vie des enfants.

Sunrise

Partho Sen Gupta, réalisateur, scénariste, et producteur est né à Mumbai, en Inde. Il a commencé sa carrière comme apprenti-décorateur aux studios de Bollywood à l’âge de 17 ans. Il a alors créé son propre studio de création de décors. Il a réalisé les décors et les effets spéciaux de nombreux films et publicités.

Il a été le chef décorateur du film Nocturne Indien d’Alain Corneau, tourné en Inde en 1989.

En 1993, il obtient une bourse pour étudier la réalisation à la Femis, L’école nationale des métiers de l’image et du son, à Paris. Il réalisa quatre films avec lesquels il fit le tour des festivals d’Europe, gagnant plusieurs prix.

Après son diplôme, il réalise son premier long-métrage, Hava Aney Dey (Let the Wind Blow) qui a été sélectionné au Festival International du Film de Berlin en 2004. Il a été montré au MoMa à New-York dans le cadre de la présentation Global Lens.

Son nouveau film, Sunrise (Arunoday), une co-production franco-indienne, avec Adil Hussain et Tannishtha Chatterjee a été sélectionné au festival International du film de Busan dans la catégorie  New Current.

Partho Sen Gupta vit désormais à Sydney, en Australie.

Comment concrètement as-tu trouvé le financement pour Sunrise ?


Comme je ne parvenais pas à trouver de l’argent, j’ai fait appel au crowfunding en 2011. J’ai appris sur le tas comment fonctionnaient Facebook et Twitter et j’ai ainsi récolté 21 000 dollars. Cette collecte représente un vrai travail et m’a pris trois mois. J’ai ensuite rassemblé mes comédiens et j’ai réalisé un teaser d’une durée de deux minutes. Il m’a permis d’être sélectionné pour le marché Open Doors du Festival de Locarno. Armé d’un iPad où était stocké ce teaser, j’ai pitché mon film à de nombreuses personnes. Marc Irmer, qui est devenu le producteur de Sunrise et que je connaissais depuis l’époque de mon passage à la Fémis, s’est intéressé au projet. J’ai aussi rencontré des représentants du National Film Development Corporation of India, l’équivalent indien du CNC, qui voulaient que je leur soumette le projet. Ils pouvaient apporter 50% du budget, mais il fallait passer devant une commission. J’ai donc fait les démarches nécessaires. Au moment du crowfunding, j’ai eu des contacts avec deux financiers, dont un Indien basé à New-York, qui produit beaucoup de films. Il était d’accord pour mettre 25 000 dollars car il voulait voir ce que j’allais pouvoir faire. Un autre investisseur souhaitait financer des films, mais ne l’avait encore jamais fait. Il a aussi investi 25 000 dollars.


J’avais prévu à l’origine un budget de 200 000 dollars, mais quand j’ai soumis mon projet au National Film Development Corporation of India, ses membres ont considéré qu’il ne pouvait s’agir d’un vrai budget. Nous l’avons retravaillé et il est monté à 500 000 dollars. Le CNC indien a donné un avis favorable et a contribué au financement du film à hauteur de 53%. Le producteur français, Marc Imer de Dolce Vita Films, a apporté 35% du budget, que j’ai complété avec ma société, Independent Movies.

Ton film est fini,

quelle est ta stratégie pour le faire connaître par le plus grand nombre ?


Comme nous disposons de plus de moyens pour Sunrise par rapport à mon premier film, nous avons embauché un agent de vente. Son rôle est celui d’un vendeur - que ni moi, ni mon producteur ne sommes. Cet agent possède des réseaux et fait passer les films dans les festivals. Chaque festival va payer entre 800 et 1000 euros par projection qu’il va utiliser pour faire de la publicité. Jusqu’à son arrivée en janvier, nous pensions montrer Sunrise dans des festivals d’art et essai classiques. Il a ainsi été projeté aux festivals de Pusan et de Bombay. C’est lui qui a eu l’idée de l’inclure dans des manifestations spécialisées dans les polars. Du coup, il va être montré à Sitges, à Fantastia à Montréal... Par ailleurs, nous avons déjà vendu le film en Allemagne pour une sortie en salles. C’est une petite vente, mais c’est déjà une vente.


Je ne pense pas qu’il sera distribué en salle dans beaucoup de pays, mais il sera visible sur iTunes, en VOD... Il faut vivre avec la réalité d’aujourd’hui. J’aimerais bien sûr que le film sorte en salle, mais le contexte actuel d’une offre trop abondante et d’une moindre place accordée aux films d’art et essai dans les cinémas rend une sortie difficile. Sunrise a en outre comme défaut de ne pas être un film réaliste. Or le monde du cinéma en Europe privilégie les films tournés dans une veine réaliste, comme ma première réalisation, Let the Wind Blow. J’ai réussi avec Sunrise à sortir du ghetto "film indien", même si je ne l’ai pas fait consciemment. Il est à la fois un peu un polar, un peu un film fantastique.

Extraits d'interview relevés sur sancho-asia.com

Partho Sen-Gupta est la nouvelle tête du ciné indé indien. Dans la droite lignée d'Anurag Kashyap et de ses polars noirs, Gangs of Wasseypur ou Ugly, tous deux projetés à la Quinzaine respectivement en 2012 et 2013, le réalisateur signe un drame encore plus sombre.

Mais s'il a le thème et la noirceur de Ugly, les ressemblances s'arrêtent là. Au contraire d'un Kashyap d'inspiration largement tarantinesque, Partho Sen-Gupta tangue, lui, franchement vers David Lynch. Dans sa façon de filmer les errances de son héros, ses songes. La nuit, enrobée du seul bruit de la pluie tombant drue sur ce Mumbai poisseux.

Dans cette divagation permanente entre rêve et réalité.

Sunrise est un film à la lisière de l'autobiographie pour un réalisateur qui a manqué, petit, de se faire kidnapper. "Quand ils ont essayé de m'enlever, j'ai crié si fort que des ouvriers m'ont entendu et sont venus à mon secours", explique le cinéaste.

Quand, des années plus tard, sa fille naît, ce traumatisme d'enfance réapparait. Il fait des cauchemars toutes les nuits. Le résultat, ce Sunrise. Pas un film réaliste. Mais un film sur l'émotion. La sensation. Celle d'avoir un enfant qui disparaît du jour au lendemain. Un drame qui fait écho à un véritable phénomène. Chaque année en Inde, plus de 50.000 enfants se volatilisent.

Des gamins poussés, le plus souvent, vers la prostitution, la mendicité ou le travail forcé.

Sunrise

Partho Sen-Gupta a choisi de traduire cette tragédie par l'onirique. Sans aucune linéarité dans la narration. Passant sans cesse de l'enquête, réelle, au cauchemar de Joshi. Comme si cet homme ne pouvait plus espérer quoi que ce soit de cette vraie vie. De son pays qui comme seule réponse, lui a balancé son indifférence. Et le voilà, glissant peu à peu, dans un monde imaginaire. Le seul endroit où il peut encore espérer réparation et se muer en héros. Abattre les coupables et revoir sa fille. Ce n'est alors plus un père à la recherche de son enfant que nous présente Partho Sen-Gupta. Mais les réactions de l'esprit humain confronté à la douleur et à l'injustice. Les réactions de sa femme qui a elle perdu la tête depuis bien longtemps. Leurs relations. Taiseuses, meurtries, presque macabres.
 
Et si l'on sent parfois une mise en scène de la noirceur un peu artificielle, ce film n'en reste pas moins un drame poignant, empli, tout à la fois, d'espoir et de résignation.

Sources : Boris Courret. Pour culturebox.francetvinfo.fr.

Sunrise

Mon opinion

Le film tout entier s'appuie sur une atmosphère lourde, sombre, assez irréelle.

Le scénario est réduit au strict minimum. Le film traite de la disparition, et du trafic des enfants indiens, qui s'en suit. La prostitution enfantine pour toile de fond.

Le réalisateur/scénariste, connaît bien l'horreur du propos, il a déclaré : "Quand ils ont essayé de m'enlever, j'ai crié si fort que des ouvriers m'ont entendu et sont venus à mon secours", explique-t-il. Un souvenir trop pesant et douloureux pour l'étayer par un scénario plus construit.

Mumbai, pour la plus grande partie, plongée dans les ténèbres, et la mousson, assombrissent davantage encore sur le propos cauchemardesque du film.

La photographie est souvent belle.

Si le cinéaste a du mal à convaincre avec ce polar, il ne manque pas d'une certaine virtuosité dans sa mise en scène.