Choke, un film qui se mérite

CHOKE, UN FILM QUI SE MÉRITE

De: Clark Gregg.

Avec: Sam Rockwell ( Moon, Laggies), Angelica Huston ( 50/50, La famille Adams), Kelly Macdonald ( Anna Karenine, Boardwalk Empire), Brad William Henke ( Fury, Jobs).

Synopsis IMDb: A sex-addicted con-man pays for his mother’s hospital bills by playing on the sympathies of those who rescue him from choking to death.

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Autant le dire, s’il n’y avait pas eu Sam Rockwell je n’y serai jamais allée. Cet acteur, je lui suivrai où qu’il aille les yeux fermés. C’est comme avec Christian Bale (American Psycho) , j’ai confiance.

Pour continuer sur ma lancée, un film qui parle d’obsédés sexuels ce n’est pas vraiment ma tasse de thé. Peut-être qu’on ferait bien avant de commencer de ne pas dire  » obsédé sexuel  » mais addictif au sexe. Oui, c’est une maladie; pas quelque chose qu’on décide. Ni qui est sale et vulgaire. C’est une façon comme une autre de se détruire, soi et les autres au même titre que l’alcool, la drogue. C’est aussi refuser une réalité trop triste. Quand on atteint l’extase, on s’oublie; soi et ses problèmes. Le temps d’un instant, on cesse d’être; on est inatteignable et injoignable. On est coupé du reste de la Terre.

CHOKE, UN FILM QUI SE MÉRITE

C’est une addiction assez révélatrice des relations qu’on a pu avoir ou ne pas avoir dans notre passé notamment avec nos parents. Ici, s’en est clairement un; un complexe d’œdipe dans toute sa splendeur. Une relation déséquilibrée qui a conduit un petit garçon à être tour à tour le père absent, les amants de sa mère et enfin, un fils. Une situation où les rôles ont tendance à s’inverser dans un contexte social et économique déjà bien difficile.

Orgasms release endorphine

Endorphins kill pain.

Victor

Victor ( incarné par le brillantissime Sam Rockwell)  semble ne pas vouloir ni pouvoir grandir .Sa mère loufoque et fantasque ( divine Angelica Houston) est malade; et ne semble pas vraiment disposer à lui révéler la vérité sur son père. Un père dont il ignore tout à part peut-être les rocambolesques histoires maternelles qui ont rythmé son enfance et façonné des légendes.

Comme une injustice divine, Victor semble pris au piège; celui que sa mère a tendu pour lui et celles de toutes les autres femmes. Il n’y a finalement que dans l’acte sexuel qu’il domine et semble s’affranchir un bref instant de la toute puissance féminine.

CHOKE, UN FILM QUI SE MÉRITE

Malgré une réalisation parfois brouillonne et sous des faux-airs de comédie, Choke se révèle bien plus intelligent que ça en autre sur la complexité des rapports que nous entretenons avec les autres et nous-mêmes. Et combien finalement, on ne cherche qu’à lâcher prise, à s’abandonner; et à retrouver dans le regard de l’autre de la bienveillance et de l’amour.

Pourtant, il semble que pour Victor et ses amis cette entreprise soit difficile presque impossible par moment tant la confiance ne tient qu’à un fil. Comme s’il ne fallait pas attendre plus des échanges humains qu’un coup vite fait et bien fait dans un placard à balai. Choke est aussi le portrait touchant d’une génération de parents hippies se croyant libres et libérés. Finalement, ils le sont beaucoup moins que leurs propres enfants.

Loufoque comme pourrait l’être un livre de John Irving, le film brille notamment par son casting. De Sam Rockwell  sexy même en t-shirt troué et avec une petite tresse ridicule en passant par Paige la douce folle sans oublier Denny, le meilleur ami de Victor. Ne vous fiez surtout pas aux premières minutes du film ni à la voix off bien trop longue car Choke est bien plus qu’il n’y parait nous offrant des scènes d’une grâce inouïe  avec en fond sonore l’excellent groupe Radiohead.

CHOKE, UN FILM QUI SE MÉRITE

16 SUR 20

CHOKE, UN FILM QUI SE MÉRITE

A l’origine, Choke est un roman écrit par Chuck Palahniuk qui a écrit en autre chose, Fight Club. Je n’ai lu aucun des deux mais le style me rappelle un peu celui de l’auteur de American Psycho, Bret Easton Ellis. Et vu comment j’avais eu du mal à lire ce dernier, j’imagine que Choke serait tout aussi difficile. Mais, comme on le dit si bien chez moi:  » Pa kapab lé mort san ésayé ! ». Affaire à suivre donc.