[Critique] X-MEN : Apocalypse de Bryan Singer

Par Mikaelson @breaking_fr

Quatrième film du genre super-héroïque de l’année et conclusion de l’une des meilleures trilogies de super-héros récentes, X-Men : Apocalypse arrive donc avec de grandes ambitions après le retour globalement réussi de Bryan Singer sur Days of Future Past, qui, souvenons-nous en, réécrivait une nouvelle timeline pleine de possibilités. Avec un casting renforcé par la présence d’Oscar « Poe Dameron » Isaac, Tye Sheridan et de Sophie Turner entre autres, ce volet s’annonçait comme une conclusion autant qu’un nouveau début pour ses jeunes mutants. Mais que vaut vraiment cette Apocalypse attendu ? Réponse…

Synopsis :

Depuis les origines de la civilisation, Apocalypse, le tout premier mutant, a absorbé de nombreux pouvoirs, devenant à la fois immortel et invincible, adoré comme un dieu. Se réveillant après un sommeil de plusieurs milliers d’années et désillusionné par le monde qu’il découvre, il réunit de puissants mutants dont Magneto pour nettoyer l’humanité et régner sur un nouvel ordre. Raven et Professeur X vont joindre leurs forces pour affronter leur plus dangereux ennemi et sauver l’humanité d’une destruction totale.

Critique :

Ça commence fort en Egypte, où l’on assiste plusieurs millénaires avant notre ère à la naissance d’Apocalypse, présenté comme le premier mutant apparu dans l’humanité. Accompagné, déjà, de quatre cavaliers pour le protéger, il est finalement enterré et la Terre vit en paix pendant son long sommeil. Jusqu’à ce qu’en 1983, des idiots décident de le réveiller et donc, de mettre le destin des habitants de notre belle planète en danger. Bref, c’est la fin du monde, d’autant plus qu’il faut l’avouer : cet Apocalypse a vraiment un look raté qui le fait passer pour un cosplayeur aux moyens financiers très limités, malgré toute la volonté d’Oscar Isaac de le rendre inquiétant.

Loin de tout ce raffut, on retrouve avec plaisir Charles Xavier (James McAvoy), directeur de l’Institut des Jeunes Mutants, en pleine forme, plus chevelu que jamais et serein. Son école fonctionne très bien, ses élèves sont prometteurs, notamment cette jeune rousse, Jean Grey. Dans ce contexte, il accueille le jeune frère de Havok, Scott Summers (Tye Sheridan), dont on suivra le film à travers ses yeux, couverts par des lunettes évidemment. On aurait pu craindre que l’avalanche de « nouveaux » mutants nuise au film et c’est à moitié le cas. Pour une Jean Grey, un Cyclope et un Diablo (Kodi Smit-McPhee) réussis, on doit se contenter de miettes pour Tornade (Alexandra Shipp), Angel Ben Hardy), Jubilee (Lana Condor) et surtout Psylocke (Olivia Munn), véritable déception du film, dont on entrevoit à peine le potentiel pourtant fort badass. Plus globalement, l’équilibre entre nouveaux et anciens personnages n’est jamais trouvé et c’est la principale faiblesse du film.

C’est sa faiblesse, d’autant qu’il faut bien le dire, le discours des films tourne en rond. Une fois accepté le « Mutant and Proud » de Mystique depuis First Class, rien n’a véritablement changé depuis vingt ans dans les films. Magneto fait des trucs méchants mais y est contraint à cause des méchants humains qui ne l’acceptent pas, Mystique n’endosse toujours pas son rôle de leader (et Jennifer Lawrence ses litres de peinture corporelle pour garder sa vraie apparence)… On pourrait saluer la thématique développée par Apocalypse et ses cavaliers sur leur endoctrinement, le mutant abusant des faiblesses personnelles de chacun pour les renforcer et donc les rallier à sa cause. Un reflet du terrorisme actuel qui se base sur le recrutement d’esprits faibles, peu confiants en leurs capacités, mais tout ceci n’est qu’effleuré et jamais vraiment discuté. C’est fort dommage car ça changeait des thèmes abordés habituellement dans les films de la franchise.

Thématiques mal exploitées et personnages à moitié ratés, donc, mais il faut au moins reconnaître à Singer un sens de l’ambition visuelle toujours aussi présent. Scènes de destructions massives aux quatre coins du globe et combats rapprochés sont réalisées avec l’efficacité qui le caractérise, malgré le frein du PG-13 qui empêche quelques effusions de sang supplémentaires qui auraient été les bienvenues. Si son sens du symbolisme est toujours aussi lourd (le recrutement d’Angel a lieu sur la chanson « Four Horsemen » de Metallica, parce que lui, Tornade, Psylocke et Magneto sont les cavaliers de l’Apocalypse, vous avez saisi la référence ?), il n’en demeure pas moins divertissant, et quelques moments-clés arrivent à faire digérer les errements scénaristiques de la chose, malgré l’efficacité aléatoire de certains effets spéciaux plus que discutables d’un plan à l’autre. A ce titre, si vous en avez la possibilité, on vous déconseille la 3D qui n’apporte strictement rien au film si ce n’est la garantie d’une migraine de 2h25.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce film qui ne dit lui-même pas grand-chose de plus que les précédents, si ce n’est que Jean Grey a raison en disant à un moment hautement méta du film que « Les troisièmes films d’une saga sont toujours les pires ». Rassurez-vous, on est loin de la catastrophe, X-Men : Apocalypse n’est pas un mauvais film et il reste même sympathique à regarder. Mais une chose est sûre, il est temps pour Bryan Singer de s’éloigner de la franchise X-Men qui s’asphyxie à nouveau, et ce à une vitesse inquiétante. Réinjecter du sang neuf, comme avec Matthew Vaughn à l’époque de First Class, est le seul moyen de revitaliser une franchise qui malgré ses personnages attachants, interprétés par un casting une fois de plus excellent, n’aura bientôt plus d’intérêt alors que le potentiel de raconter des histoires excitantes et inédites, avec pléthore de nouveaux mutants encore jamais vus à l’écran, est à portée de mains. La scène post-générique ne semble malheureusement rien offrir de tout cela, à moins que…

3/5