[Critique] Le Livre de la Jungle de Jon Favreau

Par Mikaelson @breaking_fr

« Il en faut peu pour être heureux », cette phrase qui retentit dans votre tête vous dit quelque chose si vous avez été bercé par les films Disney ou si vous êtes parent. Mowgli, Bagheera et les autres reviennent cette fois-ci en live-action et CGI pour découvrir ou faire découvrir cette aventure dans une jungle très spéciale. Mais que vaut alors cette version 2016 du « Le Livre de la Jungle » ? Réponse…

Synopsis :

Les aventures de Mowgli, un petit homme élevé dans la jungle par une famille de loups. Mais Mowgli n’est plus le bienvenu dans la jungle depuis que le redoutable tigre Shere Khan, qui porte les cicatrices des hommes, promet d’éliminer celui qu’il considère comme une menace. Poussé à abandonner le seul foyer qu’il ait jamais connu, Mowgli se lance dans un voyage captivant, à la découverte de soi, guidé par son mentor la panthère Bagheera et l’ours Baloo. Sur le chemin, Mowgli rencontre des créatures comme Kaa, un pyton à la voix séduisante et au regard hypnotique et le Roi Louie, qui tente de contraindre Mowgli à lui révéler le secret de la fleur rouge et insaisissable : le feu.

Critique :

Les studios Disney poursuivent leur prolifique politique d’adaptations live des films d’animation les plus emblématiques de leur catalogue. On avait eu le médiocre « Maléfique » il y a deux ans, le touchant « Cendrillon » l’an dernier. Avant les arrivées de « Peter et Elliott le Dragon » et de « La Belle et la Bête », cette année c’est au tour des aventures de Mogwli d’en subir les honneurs, le tout sous la caméra de Jon Favreau à qui l’on doit les deux premiers opus d’Iron Man. Sorti en 1967, « Le Livre de la Jungle », adaptation d’un livre de Rudyard Kipling, s’était illustré par ses chansons devenues cultes et son personnage de Baloo, véritable incarnation d’une coolitude aujourd’hui disparue.

Dès sa séquence d’introduction, le ton est donné visuellement : les animaux sont magnifiquement recréés, et interagissent harmonieusement avec l’environnement alentour. La réalisation et le montage se veulent dynamiques, la musique entraînante… Mais il y a comme un hic : tout ça manque cruellement d’âme.
A ce titre, les 25 premières minutes laissent perplexe. On loue la volonté de Favreau d’avoir voulu épaissir la relation entre Mowgli et sa famille d’adoption (des loups menés par Raksha, doublée par Lupita Nyong’o), menacée par l’apparition de Shere Khan (Idris Elba). Mais cette longue introduction donne l’impression d’assister à un enchaînement de scènes sans réelle saveur, avec des dialogues lourdement explicatifs et un ton peut-être trop sombre pour les enfants.

Il faut attendre l’arrivée de Baloo, génialement doublé par Bill Murray, pour qu’enfin un grain de légèreté, de bonne humeur et de tendresse apparaisse. Mais là encore le scénario expédie trop vite leurs scènes, de manière à ce qu’on ait des difficultés à comprendre la profondeur de leur amitié en si peu de temps. De la même manière, quel dommage de réduire à peau de chagrin (ou de serpent dans le cas présent) la menace de Kaa en une seule séquence, à laquelle Scarlett Johansson offre sa voix troublante.

Le film étire ce qu’il ne devrait pas étirer, et accélère en trop peu de temps l’essentiel : les scènes avec Baloo, les motivations de Shere Khan, l’affrontement final réduit à un incendie en CGI… On pourrait dire que c’est ce qui achève de faire tomber les bonnes intentions du film en cendres. Après ses catastrophiques blockbusters Iron Man 2 et Cowboys & Envahisseurs, Jon Favreau a retrouvé une partie de son mojo quand il s’agit d’offrir du spectaculaire, mais il se loupe au final complètement sur le message et la quête d’identité de son héros incarné avec une touchante maladresse par le jeune Neel Sethi.
On en retiendra malgré tout un casting vocal sans fausse note, une poignée de scènes impressionnantes et surtout le plaisir de réentendre quelques chansons cultes du dessin-animé.