Dominicalement vôtre – L’Évadé d’Alcatraz

Don Siegel, 1979

Diffusion dimanche 24 janvier, 20h45, Arte

Alors qu'Hugues Aufray tenait bon la barre et le vent en ne rêvant que d'aller jusqu'à San Francisco ; Bizard Bizard vous propose de simplement tenir bon votre télécommande pour une escapade sur l'île juste en face. Un petit coin de paradis avec vue dégagée sur S.F où, au détour de ses nombreux rochers, vous retrouverez quelques prisonniers et un ex-cowboy futur évadé.

En d'autres termes, ce soir Arte vous invite sur l'île d'Alcatraz pour un tête à tête avec Clint Eastwood.

À la suite d'une tentative d'évasion prisonnière ratée, Franck Morris (Clint Eastwood) écope de la pire punition qui soit : un transfert à Alcatraz, l'endroit où " l'on ne forme pas de bons citoyens mais de bons prisonniers ". Malgré qu'il se soit fait un petit nombre d'amis et d'ennemis sous le soleil de Californie, " The Rock " ne trouve toujours pas la grâce d'un nid douillet à ses yeux. Voilà pourquoi après peu mûre réflexion il décide, avec ses nouveaux copains, qu'il est grand temps de prendre la tangente. C'est ainsi qu'à la sueur de son front et à l'aide d'une petite cuillère, Franck le futé va creuser un trou pour tenter de se sortir de ce que l'on peut appeler un énorme merdier rocheux.

Dominicalement vôtre – L’Évadé d’Alcatraz

Si ce soir notre esprit guide votre index sur la touche 7, croyez bien qu'il y a plusieurs excellentes raisons à ce tour de force magnétique.

Tout d'abord car Don Siegel a parfaitement compris le concept de divertissement et nous livre un film qui s'équilibre parfaitement sur un rythme qui alterne séquences calmes et scènes perturbatrices. Les deux heures de L'Évadé d'Alcatraz passe à une vitesse ahurissante en vous faisant oublier même le sens du mot ennui.

Sans être une réflexion profonde sur l'enfermement, le film arrive tout de même à exprimer la souffrance des prisonniers grâce à quelques éléments - comme l'utilisation du motif de la fleur pour illustrer " ce que la prison ne peut pas m'enlever " soit la vie intérieure - sans pour autant que cela soit excessif ou larmoyant. Car ici ce qui compte c'est l'action, où plutôt l'idée de l'action. On comprend qu'au delà de l'évasion, l'investissement dans ce projet constitue en premier lieu une raison de vivre quotidienne et donne un but à chacun des audacieux participants. L'enfer de l'oisiveté est ainsi contré par de délicieux tours d'ingéniosités, autant dans la mise-en-scène que dans les idées des prisonniers. Avec un Clint Eastwood au sommet de son expression agressivo-méprisante à tendance dégoutée, campant une réelle incarnation du grand-père de Michael Scofield capable de faire passer McGyver pour un amateur ; le film est une ode au système D. Les multiples trouvailles matérielles que les personnages mettent à profit avec virtuosité pour s'échapper sont tout aussi amusantes qu'incroyables et vous feront voir les objets du quotidien d'une autre façon.

Ainsi, c'est en compagnie d'un Clint à qui personne ne peut enlever sa " fleur ", qu'un dimanche soir pleins d'astuces et de divertissement vous attend.

N.B : il est fort probable que demain matin vous tentiez de motiver quelques collègues pour vous évader du bureau à l'aide d'une agrafeuse et d'un critérium. Sachez que cela ne va peut-être pas marcher. Mais qui sait ! Après tout le film est tiré d'une histoire vraie.

Crédits images: telequebec.tv (couverture) - forthediscerningfew.com