Death File Yellow (Leur mort leur va si bien)

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Genre : shockumentary, trash, death movie (interdit aux - 18 ans)

Année : 2006

Durée : 1 heure

L'histoire : Un documentaire épouvantable de morbidité. La mort dans tous ses états : accidents, meurtres, autopsies. Le tout capturé en found footage et présenté de façon spectaculaire et sur-dramatisé. Du Japon au Bangladesh, de la Thaïlande au Pakistan, des instantanés saisis sur le vif montrant toute l’horreur du moment où l’être humain bascule de vie à trépas.

La critique :

Il y a les sept péchés capitaux, il y a les supposés sept portes de l’enfer, désormais il y aura les sept chroniques apocalyptiques de Inthemoodforgore sur Cinéma Choc. Oui, chers virtuels assujettis, à partir de maintenant et pour sept fois consécutives, vous allez devoir subir mon féroce courroux puisque je vais vous imposer de gré ou de force, les plus indicibles abjections de ma collection. Sept films parmi les plus trash, ignobles et monstrueux qui aient jamais été commis par l’homme. Sept cauchemars sur pellicule, tous plus rares les uns que les autres. Il n’est pas beau ce petit cadeau du Nouvel An ?
Avouez que là, je vous ai vraiment gâtés. 
Et aujourd’hui, nous commençons fort avec Death File Yellow. Réalisé (assemblé serait un terme plus exact) en 2006 par Yôhei Fukuda, ce shockumentary pour le moins douloureux propose une heure durant un spectacle terriblement choquant. Nos amis nippons nous ont prouvé à maintes reprises qu’ils étaient d’aimables fous furieux, fortement secoués de la pulpe.

En effet, des individus capables d’engendrer de telles horreurs ne doivent pas bénéficier de toutes leurs facultés mentales ! Raison de plus pour foncer tête baissée dans leurs délires nauséabonds. Depuis 1962 et le célèbre Mondo Cane, les documentaires ethnologiques ont évolué de façon étonnante. Le sensationnalisme et le consumérisme sociétal aidant, le genre « mondo » a peu à peu dérivé en documentaire choc où les situations montrées à l’écran franchissaient un palier supplémentaire dans la violence. Le shockumentary (pour reprendre le terme exact anglicisé) était né.
Tout d’abord animalier avec au milieu des années 1970, Savage Man Savage Beast et This Violent World, le genre a explosé et s’est fait universellement connaître avec le très controversé Face à la Mort, sorti en 1978. Même si l’on sait aujourd’hui que la plupart des images proposées dans ce film n’étaient que des montages scénarisés, la mode était lancée. Il n’y avait plus qu’à surfer là-dessus.

Ainsi, toute une série de succédanés virent le jour, s’enlisant chaque fois un peu plus dans la médiocrité. Mais les bas instincts du public en réclamaient toujours plus. C’est alors que naquirent les death movies. Et c’est Thierry Zeno, avec Des Morts (aka Of the Dead) en 1979, qui fut le premier à démocratiser la mort réelle à l’écran. Puis, ce type de productions se développa dans les décennies 1990 (Der Weg Nach Eden) et 2000 (Orozco the embalmer, Junk Films).
Et comme souvent, c’est du côté du Japon qu’il faut aller les réalisateurs qui ont fait le choix de montrer, sans aucun artifice et de manière la plus abrupte, le véritable visage de la mort. Attention, SPOILERS ! Avec en arrière-plan des dizaines de crânes empilés les uns sur les autres, un présentateur de télévision prend un ton dramatique pour présenter le documentaire. La première scène nous conduit dans une usine détruite par une explosion. La caméra entre tout de suite dans le vif du sujet et s’attarde sur le travail des secours qui s’affairent à déterrer des cadavres gisant parmi les décombres.

Le deuxième mini reportage présente des victimes décédées par arme à feu, tombées sur des routes ou dans des squats. Puis, le film prend une tournure mondo en nous montrant la célébration d’une fête rituelle de rue, dans une ville japonaise. On y voit des participants s’auto-flageller jusqu’au sang, se lacérer le visage ou même se couper la langue (!), tandis que d’autres dansent en costumes traditionnels tout en allumant des pétards. Mais le point culminant du sordide est atteint lors de la séquence suivante avec la présentation sous toutes les coutures (si j’ose m’exprimer ainsi) d’une autopsie d’un bébé mort-né.
Filmé en gros plan et dans son interminable intégralité, la scène est accompagnée d’une musique lyrique qui détone singulièrement avec l’horreur des images proposées. Le film se termine par la mise à jour et l’alignement méthodique de milliers d’ossements près d’un temple bouddhiste en Thaïlande. Death File Yellow est le dernier opus d’une série de cinq documentaires chocs initialisés en 1998 avec Death File Red.

Chaque épisode de cette franchise est génériquement affublé d’une couleur (red, black, yellow…), ne me demandez pas pourquoi, je n’en sais strictement rien. Quoiqu’il en soit, ces films, tout à fait introuvables sur le continent européen, mettent nos nerfs et notre estomac à rude épreuve. Dans cet épisode, le sommet de l’ignominie est bien sûr atteint avec l’autopsie de ce bébé mort-né où la caméra ne nous épargne rigoureusement rien du lugubre et long processus, respecté à la lettre par le médecin légiste.
Le voyeurisme approche de son paroxysme lorsque nous sommes soumis aux images de ce petit corps d’une quarantaine de centimètres, malmené, découpé, éviscéré, comme réduit à l’état d’un morceau de viande sur l’étal d’un boucher. 
Une vision difficilement supportable… Toutefois, en dépit de ce passage vraiment hardcore, Death File Yellow se situe quand même un cran en dessous dans l’horreur « pure » des sommets agressifs que constituent Orozco the Embalmer ou Junk Films., tous deux signés par Kiyotaka Tsurisaki.

Quoiqu’il en soit, au fil de ces découvertes toujours plus éprouvantes, on ne peut que constater cette curieuse fascination pour la mort suscitée au pays du Soleil levant et même dans tous les pays de l’Asie du Sud-Est. A croire que les cinéastes japonais ont vraiment le gêne du scabreux dans leur ADN. Death File Yellow n’est pas le documentaire le plus choquant que l’on puisse trouver sur la mort (attention, tout de même !). Il n’en demeure pas moins qu’il dégage une puissance émotionnelle rare et plonge le spectateur dans un malaise indéniable.
Cependant, l’algorithme d’escalade mortifère auquel on assiste depuis plus de cinquante ans, sous un prétexte fallacieux d’information, a quelque chose de profondément dérangeant. Où s’arrêtera la surenchère ? Le très récent Most Disturbed Person On Planet Earth 2 nous a prouvé, il y a peu de temps, que l’avilissement de l’homme est sans limite. A croire que l’abominable réalité des événements dans le monde actuel ne suffit pas encore pour satisfaire les instincts primitifs enfouis en chacun de nous.

Note : ?

tumbling doll Inthemoodforgore