Calvaire (Les chiens de paille)

calvaire

Genre: horreur, thriller, inclassable (interdit aux - 16 ans)
Année: 2004
Durée: 1h30

L'histoire : Marc Stevens est un chanteur itinérant. A l'hospice, le concert est terminé. Celui-ci reprend la route, mais il tombe en panne au milieu de nulle part. M. Bartel, un aubergiste psychologiquement fragile depuis que son épouse Gloria l'a quitté, le recueille. C'est alors que commence le cauchemar de Marc : M. Bartel voit en lui l'incarnation de son ex-femme et tout le village est persuadé que celle-ci est rentrée au pays. 

La critique :

La carrière de Fabrice Du Welz en tant que réalisateur débute en 1999 avec un court-métrage, Quand on est amoureux, c'est merveilleux, qui remporte le grand prix du festival Gérardmer. Un premier essai fort encourageant. En 2004, Fabrice Du Welz réalise son tout premier film, Calvaire, qui reste à ce jour le long-métrage le plus connu du cinéaste.
Par la suite, Fabrice du Welz se fera beaucoup plus discret. En 2008, il signe Vinyan avant plus ou moins de disparaître de la planète "cinéma". Pour Calvaire, le réalisateur s'inspire de plusieurs films : La Traque de Serge Leroy (1975), Un soir, un train d'André Delveaux (1968) et Les Chiens de Paille de Sam Peckinpah (1971).

La distribution de Calvaire réunit Laurent Lucas, Jackie Berroyer, Philippe Nahon, Jean-Luc Couchard et Brigitte Lahaie. Pour la petite anecdote inutile, le nom de Bartel (Jackie Berroyer) est un clin d'oeil au réalisateur Paul Bartel à qui l'on doit Eating Raoul (1982) et La course à la mort de l'an 2000 (1975). Calvaire acquiert une certaine notoriété dans plusieurs festivals, notamment à Rotterdam, où il obtient plusieurs récompenses. Le film choque, estourbit et provoque à la fois le scandale et la polémique. Indubitablement, Calvaire est un film hors norme.
Horreur, thriller, épouvante ou encore un drame, Calvaire est une oeuvre inénarrable et inclassable où règne cette atmosphère de grisaille... Par conséquent, difficile de ranger cet OFNI (objet filmique non identifié) dans une catégorie particulière.

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Certes, le film est plébiscité et louangé par la presse et la critique cinéma. Néanmoins, dans les salles obscures, Calvaire passe relativement inaperçu. Toutefois, au fil des années, le film s'est taillé une certaine réputation sur la Toile et auprès des amateurs de cinéma trash et relativement obscur. Attention, SPOILERS ! Marc Stevens est un jeune chanteur de charme pour personnes âgées qui, après un gala dans un village des Ardennes belges, tombe en panne en pleine forêt et, guidé par Boris, un jeune homme étrange à la recherche de sa chienne Bella, aboutit à l'auberge tenue par Bartel.
Celui-ci voit en Marc une « réincarnation » de son ex-femme Gloria et séquestre, viole, tond et enlaidit Marc afin qu'il ne soit pas une tentation pour les hommes du village proche, un village misérable où ne semblent habiter que des hommes et qui, pour assouvir leurs besoins sexuels, profitent des voyageurs occasionnels ainsi que des animaux qu'ils possèdent. 

La nuit de Noël, alors que Marc et Bartel réveillonnent, les villageois attaquent l'ancienne auberge et tuent Bartel et Boris qui était revenu avec son « chien » — en réalité un veau — dans les bras. Marc parvient à s'enfuir. Poursuivi par les villageois, il assiste à l'enlisement et à la mort de l'un d'entre eux dans des sables mouvants. Dès ses premières minutes, Calvaire a le mérite de présenter les inimitiés.
Marc Stevens, une sorte de ménitrier des villages, chante dans une maison de retraite sous les applaudissements de vieillards décrépits. Alors qu'il tombe en panne avec sa camionnette, il croise la route de Bartel, un homme étrange qui a perdu sa femme (Je renvoie au synopsis). A partir de là, le film enchaîne les saynettes les plus outrancières et amphigouriques.

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Fabrice du Welz nous convie en plein cauchemar et dans une sorte de brume crépusculaire. Pourtant, dans un premier temps, Bartel se montre plutôt courtois et avenant envers son nouveau commensal. Pourtant, très vite, l'accueil chaleureux se transforme en rebuffade. Bartel associe Marc Stevens au retour de sa femme infidèle. Il grime le pauvre jeune homme d'oripeaux féminins, le torture, le crucifie et le viole. Dans Calvaire, la folie ne concerne pas seulement un obscur campagnard, mais une communauté toute entière. Lors d'une promenade champêtre, Stevens rencontre un certain Boris, un homme qui tient des propos confus et nébuleux concernant sa chienne.
Par la suite, Stevens tombe sur de curieux raboteux qui se livrent à des relations sexuelles avec des animaux. Dans Calvaire, on passe ainsi de l'euphorie à la zoophilie.

Oui clairement, Calvaire est un film qui marque au fer rouge. Néanmoins, les émotions des divers protagonistes semblent définitivement l'emporter sur la réalité. A l'image de la séquence se déroulant dans un bar, une sorte de mélange fuligineux entre Massacre à la Tronçonneuse (la scène du repas final) et Les Chiens de Paille avec ces villageois barbares, frustres et vindicatifs.
Dans Calvaire, il est donc inutile de chercher la moindre cohérence ou logique dans les propos des divers protagonistes. Fabrice Du Welz nous convie dans un trip hallucinatoire et totalement déshumanisé. A la rigueur, seul Marc Stevens tire son épingle du jeu. Un propos toutefois à minorer puisque ce dernier est condamné à gémir sous les supplices et la torture. Ou encore à s'esbigner, à l'image des vingt dernières minutes du film, qui se transforment en survival.
Surréaliste, ésotérique et d'une violence inouïe, Calvaire multiplie les gros plans sur les visages ébaubis et ulcérés de sa bande de loufoques dégénérés. Bref, on tient probablement là le meilleur film d'horreur belge de ces dix dernières années.

Note : 17/20

sparklehorse2 Alice In Oliver