Mia madre

Mia madreMoretti revient sur le deuil
Dans « Ma mère », l’expérience personnelle de Moretti transpire tout au long film. Il apprit la mort de sa mère lors du tournage de son précédent film « Habemus Papam ». En lieu et place de son propre rôle dans la vraie vie, c’est une réalisatrice dans son film qui va vivre la fin de vie de sa mère tout en gérant un moment professionnel essentiel, le tournage d’un long métrage. Pas assez présente auprès de cette mère qui s’éteint à petit feu, faute de temps, c’est son frère qui prend une disponibilité pour s’en occuper. Elle fait comme elle peut ; lui, fait bien. Elle, n’entend pas les mots des médecins ; son frère en est bien conscient. La fin de vie d’une mère et sa perception très différente au sein de la fratrie est traitée avec justesse et intelligence. Et l’intelligence du film est d’incarner cette mère de plus en plus finement plus le film avançant ; plus la mort arrive, plus elle prend de l’importance. Nanni Moretti avec une mise en scène fluide et jamais tape à l’œil parvient à rendre tout naturel et aller de soi… et toujours sans pathos. Finesse constante du propos, car on passe du rire aux larmes en permanence, entre scène de tournages et scènes de vie familiales. La fille, réalisatrice, tourne un film avec un acteur italo américain un brin mégalo ; ce personnage, exubérant et exaspérant, est joué par un John Turturro des grands jours. Face à ce trublion ingérable, Margherita Buy (la fille réalisatrice) apporte un contrepoint de délicatesse. Belle distribution. Malgré toutes ces belles qualités de travail autour de personnages fournis et psychologiquement aboutis, l’ennui pointe le bout de son nez. Quelques longueurs font naître de la monotonie. Présenté à Cannes où il faisait parti des favoris, j’ai envie de retenir ce qu’écrit Hubert Lizé du Parisien : « Fort d’une impressionnante connaissance des comportements humains et des accidents de la vie, le cinéaste parvient à mêler, en un équilibre diabolique, l’humour le plus vivifiant et l’angoisse la plus mortifère. »
Sorti en 2015
Ma note: 14/20