Le Prix du Danger (Running man)

prix du danger

Genre: action, anticipation (interdit aux - 12 ans)
Année: 1982
Durée: 1h40

L'histoire : Dans une société futuriste, "le prix du danger" est le nouveau jeu d'une chaine de télévision. Un homme doit rejoindre un endroit secret en évitant cinq hommes venus pour le tuer. S'il réussit, il empoche beaucoup d'argent, mais François Jacquemard, nouveau participant, réalise très vite que le jeu est truqué

La critique :

C'est à partir de 1975 qu'Yves Boisset devient célèbre dans le cinéma français avec Dupont Lajoie, un drame sur le racisme ordinaire. Véritable choc au moment de sa sortie, le film déclenche de nombreuses avanies de la part de certaines critiques cinéma. Par la suite, Yves Boisset devient le véritable spécialiste du film polémique. Une tendance qui se confirme en 1982 avec la sortie du Prix du Danger.
Le long-métrage est l'adaptation d'une nouvelle homonyme de Robert Sheckley. A l'instar de la première version de Rollerball (Norman Jewison, 1975) dont il s'inspire en très grande partie, Le Prix du Danger s'apparente à une véritable diatribe contre les jeux télévisés. Thème sur lequel nous reviendrons. En 1987, un autre réalisateur, cette fois-ci américain, Paul Michael Glaser, signe Running Man.

Certes, le film est l'adaptation d'un roman de Stephen King. Pourtant, les producteurs du Prix du Danger le considèrent comme un plagiat et portent plainte contre le fameux Running Man. C'est un long procès qui commence ! Les contempteurs gagnent en première instance, perdent en appel mais gagnent à nouveau en cassation. Il est vrai que l'on relève de nombreuses analogies avec Le Prix du Danger.
La distribution du film réunit Gérard Lanvin, Marie-France Pisier, Michel Piccoli, Bruno Cremer, Andréa Ferréol, Jean-Claude Dreyfuss, Gabrielle Lazure, Catherine Lachens et Jean Rougerie. Pour l'anecdote, c'est Patrick Dewaere qui devait interpréter le rôle de François Jacquemard, le héros principal du film. Hélas, l'acteur décédera peu avant le tournage du film. Il est donc remplacé par Gérard Lanvin.

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Habitué aux rôles viriles, l'interprète n'est pas encore la star qu'il deviendra par la suite. Attention, SPOILERS ! Dans un futur proche, un jeu télévisé intitulé Le Prix du danger fait fureur. Les règles sont simples : un homme doit parvenir à rejoindre un endroit secret en échappant à cinq traqueurs chargés de le tuer. Si le candidat gagne, il se voit attribuer la somme de un million de dollars.
Dans le cas contraire, c'est évidemment la mort au tournant. 
Le tout est filmé et retransmis en direct sur la chaîne de télévision CTV. François Jacquemard fait partie des volontaires et réussit les épreuves de sélection. Au fur et à mesure de l'émission, Jacquemard devient de plus en plus populaire. Vénaux, les dirigeants de la CTV décident de truquer le jeu en faveur du candidat afin de monopoliser l'indice d'écoute. 

Mais Jacquemard ne l'entend pas ainsi et s'insurge contre les producteurs de l'émission. Au moment de sa sortie, Le Prix du Danger déclenche à nouveau le scandale et les anathèmes. Pourtant, Yves Boisset réalise un film visionnaire et annonciateur de toutes ces émissions de téléréalité diffusées à satiété à partir des années 2000. Jusqu'où la télévision et ces producteurs mercantiles sont-ils prêts à s'avilir pour générer de l'audimat ? Telle est la question posée par Yves Boisset.
Le cinéaste s'ébaudit de ce nouveau phénomène de masse. Le jeu est même apprécié par les ménagères. Nouvel effet de mode, Le Prix du Danger s'adresse avant tout aux prolétaires. Yves Boisset confère à cette pellicule d'action et d'anticipation un discours politique.

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Mieux encore, le jeu aurait des effets bénéfiques sur la population. En effet, depuis sa création, les producteurs constatent une baisse importante du taux de criminalité. Les séquences de meurtre, filmées en direct et plusieurs fois au ralenti, auraient pour conséquence d'atténuer et de minorer les ardeurs psychopathes de nos chers concitoyens.
Encore une fois, le propos du film est volontairement cynique. Yves Boisset est égal à lui-même et s'amuse également avec ses personnages qu'il décortique parfois avec brio. Néanmoins, le long-métrage n'est pas exempt de certaines maladresses. En outre, la mise en scène est loin d'être irréprochable. On se croirait presque dans une pièce de théâtre, dans une sorte de dramaturgie aux effets un peu ringards et datés.

Si Gérard Lanvin est totalement investi dans la peau de François Jacquemard, son personnage est au mieux prosaïque, au pire antipathique. Au grand dam de l'acteur, le reste du casting ne fait pas beaucoup mieux. A l'image de Michel Piccoli, certes d'un cynisme total, mais qui surjoue ce présentateur TV obséquieux et infatué. Même remarque pour Marie-France Pisier, elle aussi peu convaincante dans son rôle.
A la rigueur, seul Bruno Cremer, néanmoins en mode cabotinage, parvient à tirer son épingle du jeu. Souvent violent et déroutant, Le Prix du Danger parvient toutefois à convaincre sur la durée. Le film peut s'appuyer sur de nombreuses séquences d'action solidement troussées. Cependant, Le Prix du Danger a bien souffert du poids des années.
Hélas totalement démodé à l'heure actuelle, le film paie aussi le succès du même Running Man, lui aussi un brin obsolète, qui triomphera dans les salles de cinéma quelques années plus tard.

Note : 13/20

sparklehorse2 Alice In Oliver