Dans le Chronogyre #3 LE SECRET DE LA PYRAMIDE

Dans le Chronogyre #3 LE SECRET DE LA PYRAMIDE

Il est le personnage le plus représenté à l'écran depuis l'invention du cinéma. Le grand Billy Wilder lui même l'a adapté. Violoniste, cocaïnomane mais doué d'un sens de la déduction hors du commun, Sherlock Holmes semble intemporel. Il représente une icône inusable (et inépuisable !) de la littérature, bien que Sir Arthur Conan Doyle n'ait écrit que quatre romans (et une bonne cinquantaine de nouvelles, il est vrai) mettant en scène le détective de Baker Street.

Pas étonnant que Steven Spielberg se soit intéressé au célèbre Holmes et à son non moins célèbre acolyte Watson au mitan des années 80. En 1985, tonton Spielberg transforme toutes ses productions en or pur. Sa société, Amblin Entertainment, n'a que 4 ans d'activité derrière elle, mais elle va, cette année-là, produire coup sur coup Les goonies, Retour vers le futur et Le Secret de la Pyramide ( Young Sherlock Holmes).

Dans le Chronogyre #3 LE SECRET DE LA PYRAMIDE

Un peu moins connu que les deux autres films précités, Le Secret de la Pyramide, réalisé par Barry Levinson (quelques années avant Good Morning Vietnam et Rain man), met en scène la rencontre de Sherlock Holmes et de Watson sur les bancs d'une école en Angleterre en 1870 (soit une bonne dizaine d'années avant la rencontre " officielle " du duo selon Conan Doyle. Quelques puristes ont dû en faire une jaunisse !).

Il faut une belle audace pour faire du célèbre détective un jeune homme et de son compère un enfant rondouillard, puis d'orchestrer leur rencontre au cœur d'une Angleterre victorienne. Et de transformer ce moment historique en une aventure digne d' Indiana Jones, autre figure du cinéma spielbergien de l'époque.

En découvrant le film, on ne peut d'ailleurs s'empêcher de penser que Chris Columbus (au scénario de ce film, mais aussi des Goonies et de Gremlins à la même époque) a bien assimilé la formule ayant fait la popularité d' Indiana Jones et le Temple Maudit : un lieu sacré, des cérémonies occultes organisées par les adorateurs de divinités égyptiennes et des fantastiques hallucinations prenant vie à l'écran.

Tous ceux qui ont vu Le Secret de la Pyramide à l'époque de sa sortie (notre lectorat d'âge mûr donc) n'ont probablement pas oublié la puissance de ces fameuses séquences d'hallucinations précédant les mises à mort, qu'il s'agisse de la scène d'introduction, dérangeante et cauchemardesque, ou encore de la scène de l'église : cette attaque d'un prêtre par un chevalier de verre littéralement sorti d'un des vitraux du lieu saint a même une valeur historique puisqu'il s'agit de la toute première fois qu'un film mettait en scène un personnage entièrement réalisé en images de synthèse. Le mérite en revenait aux équipes d' ILM, la société d'effets spéciaux de Georges Lucas (et en particulier à l'équipe dirigée par John Lasseter, équipe qui allait devenir plus tard le studio Pixar).

Dans le Chronogyre #3 LE SECRET DE LA PYRAMIDE

Au casting, le jeune Nicholas Rowe (entraperçu depuis dans Arnaque, Crime et Botanique puis définitivement perdu de vue !) campe un jeune détective en devenir avec toute la morgue que nécessite le personnage (prends-en de la graine, Cumberbatch !). Alan Cox ( Watson) lui donne la réplique alors que Sophie Ward ( Elisabeth) illumine le film de sa beauté magnétique. Des quatre interprètes principaux, Anthony Higgins (dans le rôle du professeur Rathi) reste le plus célèbre. Il faut dire que les années 80 furent la décennie qui apporta la célébrité à cet acteur britannique (il apparaissait déjà au générique des Aventuriers de l'Arche Perdue). Ultime audace, Levinson se paye le luxe d'un post-générique (à l'époque où la pratique n'était pas si courante) conduisant à un twist savoureux à destination des admirateurs des aventures de Sherlock Holmes.

Malheureusement, le film peine à remplir les salles, malgré de grandes qualités. Il n'aura pas non plus (du moins chez nous) les honneurs d'une distribution en vidéo digne de ce nom : en attendant une hypothétique édition Blu-Ray, nous devons nous contenter d'une bien maigre (et bien ancienne) édition DVD. Messieurs les éditeurs, à l'heure où on fête en fanfare les 30 ans des Goonies et de Retour vers le futur, il serait temps de faire (re)découvrir ce grand film oublié.