A VIF ! (Critique)

A VIF ! (Critique)A VIF ! (Critique)SYNOPSIS: Plus qu'un grand chef, Adam Jones est une rock star de la cuisine, couronnée par deux étoiles au guide Michelin. Grisé par le succès, arrogant et capricieux, l'enfant terrible de la scène gastronomique parisienne sombre dans l'alcool et la drogue.
A VIF ! (Critique)Quelques années plus tard, il a retrouvé la voie de la sobriété. Entouré de jeunes commis et chefs de parties, il relance un restaurant londonien, déterminé à obtenir le graal de la gastronomie : une troisième étoile.
A VIF ! (Critique)Hanté par les fantômes du passé, le chemin de la rédemption s'annonce plus âpre que prévu : il ne lui reste plus qu'une seule chance pour devenir une légende...

Le retour aux fourneaux d'un enfant terrible de la gastronomie française, formé à Paris et deux étoiles au compteur qui, après avoir flirté avec ses démons jusqu'au point de non-retour, vient se racheter une conduite au célèbre Langham, à Londres... et viser une 3 ème étoile au Michelin. Live fast and die young in the kitchen. Tel pourrait être le crédo d' Adam Jones ( Bradley Cooper), sale gosse rompu à tous les excès, véritable rock star de la cuisine, en repentir après trois années de mise au vert auto-prescrite et un million d'huîtres écaillées, tout pile. Dans Burnt (inutilement traduit par A Vif!), on parle moins du palais et de ces saveurs qui l'émoustillent de si multiples façons que des hommes et femmes, à cran, derrière les belles assiettes avantageusement présentées sur d'impeccables nappes blanches dans un décorum raffiné. Burnt, c'est le portrait d'un écorché vif, complètement cramé dans la profession et qui, malgré tout, avec un culot et une impétuosité qui vont souvent de pair avec le génie, enclenche un come-back en grandes pompes aux frais d'une vieille connaissance. On plonge alors, nous spectateurs, dans les coulisses des grands noms de la restauration où l'on découvre les travers insoupçonnés des coqueluches de la gastronomie, tous horizons confondus. Avec ce postulat simple : les plus doués, les plus talentueux, les plus reconnus de ces cuisiniers, de ces chefs, sont pareils à des stars du rock ; tout aussi excessifs et tapageurs. John Wells maintient un parallèle constant avec le milieu du show-biz : l'impresario ( in love évidemment), les dealers, le pygmalion disparu, la Némésis, la psy... Toute la panoplie de la star capricieuse avec un penchant pour les substances illicites et des démons indomptables est de sortie. Avec, en ligne de mire, ce mirage, cet objectif inatteignable que paraît être la promesse de rédemption. C'est de ceci qu'il est question, ici : d'une passion aliénante, et de rédemption capitale. Car dans ce milieu, l'une ne peut se vivre qu'à la condition de connaître l'autre. Les problèmes d'ego, la quête perpétuelle - et insatisfaite, le plus souvent - de la perfection, le rigorisme poussé à son extrême signification... et, au beau milieu de tout ça, le besoin pressant de passer à la postérité, d'être vivant dans cette vie, mais aussi au-delà, à force de travail, de lutte et d'abnégation. Cela peut prêter à sourire, sans doute, un gastronome étoilé qui semble jouer sa vie sur un turbo mal cuit ou une sauce mal assaisonnée. Mais il s'agit de tout autre chose ici que de lever des filets ou de ficeler un rôti : John Wells dissèque le cœur et l'âme d'un chef. Et l'exercice est plutôt probant.

Burnt aboutit peut-être à un résultat assez convenu, mais il offre, d'une part, un rôle fort à Bradley Cooper, filmé sous toutes les coutures, en mode brute de pomme sublimée (serait-ce naturel, tout ce charme ?), explosif, à vif véritablement, et forcément réjouissant ; il offre surtout un rôle magnifique à Sienna Miller, de sous-chef au caractère bien trempé, sans artifices, sans fioritures, sans rien. Juste elle, et la niaque qu'elle a à offrir. Sublime. Matthew Rhys, quant à lui, s'impose comme la parfaite Némésis du chef Jones, lui disputant l'arrogance tout autant que les coups de sang. Je passe assez rapidement sur la présence d' Omar Sy, encore sous-exploité dans ce film qui certes, continue de repousser les frontières pour sa carrière, mais qui ne gagne hélas pas encore en consistance, et c'est très dommage. Le mot de la fin pour la prestation impeccable et très touchante de Daniel Brühl, véritable pilier du film qui offre un pendant tout en nuances et en délicatesse face à l'irascible Adam Jones. Une tambouille réjouissante donc, qui vaut avant tout pour la prestation convaincante de ses interprètes, et son approche rock'n'roll de la profession dont on dépeint, une fois encore, la folle grandeur et la plus ignorée décadence.

Titre Original: BURNT

Réalisé par: John Wells

Genre: Comédie, Drame

Sortie le: 04 novembre 2015

Distribué par: SND

A VIF ! (Critique)TRÈS BIEN